Air téranga ou le développement du transport aérien intérieur la pertinence des avions l410 ng

4 juin 2024 | 0 commentaires

Le Sénégal, avec ses 18 millions d’habitants sur un territoire de 196,722 km², fait face à des défis de mobilité considérables. Se rendre dans les localités de l’arrière-pays implique souvent des voyages de plus de six heures, en raison de l’insuffisance de routes praticables et de l’encombrement des agglomérations.

L’État du Sénégal a investi dans les infrastructures routières pour désenclaver les zones reculées et améliorer la compétitivité économique par des programmes structurants.

Cependant, avec la croissance démographique et économique, une alternative durable s’impose.

Le transport aérien domestique présente des perspectives de développement prometteuses. L’amélioration des revenus, l’urbanisation croissante et l’émergence d’une classe moyenne au Sénégal ouvrent la voie à la démocratisation du transport aérien domestique. Ce mode de transport offre plus de sécurité, de rapidité, de commodité et de confort.

Un modèle durable de services aériens permettrait de connecter efficacement les citoyens et de favoriser le commerce intérieur. La contribution de l’aviation au développement économique et social serait ainsi mieux valorisée grâce à un réseau de dessertes aériennes couvrant tout le pays, avec des fréquences de vols acceptables et des tarifs abordables.

C’est dans cette optique que le programme de réhabilitation des aérodromes secondaires (PRAS) a été lancé, visant à transformer certains aéroports en pôles de développement économique. Ce programme inclut l’acquisition de cinq aéronefs L410-NG par la compagnie nationale, malgré la sortie des ATR72-600, marquant une baisse de la capacité globale en termes de sièges offerts.

La sortie des ATR se justifie par un marché intérieur peu dynamique, des équipements encore immatures et une aide limitée des loueurs opérationnels durant la crise Covid. Ces facteurs ont contribué à une dette insoutenable pour la compagnie nationale.

Dans les conditions actuelles, l’avion L410-NG semble mieux adapté à la demande et à la taille du marché intérieur. Il répond aux limitations des infrastructures et à l’usage prévu pour les routes aériennes intérieures. Polyvalent, il peut être converti en avion VIP, en avion de fret, pour l’évacuation sanitaire, la surveillance maritime, etc., grâce à son kit de transformation rapide.

Contrairement à l’ATR 72-600, un avion de ligne, le L410-NG est un avion d’affaires STOL (short take-off and landing), capable de décoller et d’atterrir sur de courtes distances (500 à 600 mètres). Il est donc opérationnel sur toutes les pistes nationales, qu’elles soient en terre compactée, en herbe, en latérite ou en bitume. Les coûts d’exploitation du L410-NG permettent une meilleure maîtrise des coûts et une rationalisation des tarifs de transport, avec une baisse de prix pouvant dépasser 40 % par rapport aux avions régionaux pour les principaux trajets.

Ces tarifs abordables faciliteront la mobilité sur le territoire national et garantiront une augmentation des flux économiques, commerciaux, culturels, touristiques et citoyens entre les provinces. La rentabilité d’un tel modèle de services aériens domestiques, prenant en compte le pouvoir d’achat des citoyens, pourrait attirer des investissements privés, nécessaires pour les mutations économiques en cours.

Ces changements devraient permettre la création d’un transporteur public pour gérer exclusivement le transport aérien domestique, desservant tous les aérodromes secondaires, allégeant ainsi la pression sur la compagnie nationale, qui se concentrerait sur les vols régionaux et internationaux. La réduction des coûts unitaires permettrait d’atteindre un coefficient de remplissage et une recette unitaire d’équilibre, conditions nécessaires pour assurer la rentabilité générale du système et subventionner certaines lignes non rentables.

Ce dispositif pourrait être complété par un réseau de location de véhicules basé sur chaque aérodrome secondaire, en partenariat public-privé, pour stimuler la demande et consolider le secteur touristique. L’exploitation du L410-NG permettrait aussi des conventions entre les collectivités territoriales et la compagnie pour des services administratifs et sociaux d’intérêt public ou privé.

Ainsi, l’équilibre financier et la rentabilité des aérodromes secondaires deviendraient une réalité. Le Sénégal pourrait développer son réseau d’aéroports régionaux et renforcer la flotte domestique pour accélérer le développement du trafic aérien intérieur. Comme l’a annoncé l’autorité, « ces avions sont une étape importante dans notre vision de développer un transport aérien sûr, efficace et accessible à tous.

Mamadou Lamine SOW
Ancien DG Aviation Civile
Ancien DG Air Sénégal
lamine.iero@gmail.com

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