Abou bakr et salomon : contre  La passion du pouvoir

15 décembre 2023 | 0 commentaires

Le peuple sénégalais ayant consacré constitutionnellement sa religiosité au travers de la prestation de serment du Président de la République qui « Jure devant Dieu et devant la Nation sénégalaise », l’exercice du leadership doit obligatoirement intégrer des règles et des principes émanant des prescriptions coraniques et bibliques mais aussi des valeurs culturelles fondamentales portées par la religion « négro-africaine ».

Le Coran et la Bible sont porteurs chacun d’un Code de conduite qui comporte naturellement tous les  aspects relatifs au leadership que nous avons regroupés, dans notre «Livre 2 sur la crise morale au Sénégal » bâti autour d’une «Lettre ouverte au haut commis de l’État », autour de dix-huit (18) domaines dont les sept (7) premiers sont les suivants : 1. Dieu Maître de l’autorité absolue ; 2. Les leaders sont des bergers et l’exercice de l’autorité est une épreuve pour le titulaire ; 3. Obéissance / soumission aux autorités et limites de l’obéissance ; 4. Egalité devant la loi, Justice, équité, et illustrations de l’application de ces principes ; 5. Respect des serments des engagements et remise des dépôts ; 6. Être exemplaire, véridique et sincère : des qualités impératives du leader ; 7. L’amour: fondement du patriotisme, de la ferme volonté d’accomplir ses devoirs, de la fraternité et de l’esprit de corps, et rempart contre l’intempérance et les graves infractions à la sacralité des ressources appartenant à l’État.

Dans cet article nous voulons rappeler que Dieu est le Maître de l’autorité absolu qui a défini des obligations pour tous ceux à qui, il a donné du pouvoir sur leurs semblables pour notamment aider au rejet de cette peur de perdre des privilèges ou des positions qui empêche trop de serviteurs de l’État de participer patriotiquement au « bon combat » pour le règne de rapports interpersonnels et de rapports entre les agents et l’État fondés sur l’amour, la vérité, la justice et l’équité, et donner en exemples aux leaders étatiques Abou Bakr qui fut le premier khalifat après la mort du Prophète Mohammad (PSL) et Salomon dont l’histoire est largement évoquée dans le Coran et la Bible. Cet article est conséquemment articulé autour de deux (2) points : Dieu Maitre de l’autorité absolue ayant fixé des obligations à Ses vicaires à qui Il a donné de l’autorité sur leurs semblables (I.) et les leçons de leadership données par Abou Bakr et Salomon (II).

I.       DIEU MAÎTRE DE L’AUTORITÉ ABSOLUE ET LES OBLIGATIONS DES LEADERS

Pour une bonne organisation et un bon fonctionnement de la vie sur terre, le Seigneur a choisi parmi les Hommes (Ses vicaires) ceux qui vont exercer une autorité sur leurs semblables. C’est ainsi que les magistrats sont des serviteurs de Dieu établis pour qu’en exerçant la vengeance au nom de la société, au nom des Peuples souverains et en punissant le mal, l’ordre règne sur la terre. C’est le Seigneur qui distribue sa miséricorde et c’est Lui qui a réparti entre les Hommes leur subsistance, leurs avoirs pour la vie présente et qui a élevé en grade les uns sur les autres afin que les uns prennent les autres à leur service, les gouvernent, les dirigent ou les commandent mais aussi pour éprouver chacun en ce qu’Il lui a donné.

Le leader d’une Communauté, quelle que soit sa taille, est son serviteur et sa principale préoccupation doit être de servir pour répondre au mieux aux aspirations, aux besoins des membres de la Communauté qu’il dirige et d’aider ces derniers à se développer, à s’améliorer pour pouvoir mieux tenir leur rang et contribuer au bonheur collectif. Il n’est donc pas au-dessus du respect des injonctions coraniques et bibliques (ordres et interdits), et lui, comme ceux qu’il dirige, sont liés par leur allégeance à Dieu en tout ce qui n’est pas antinomiques aux lois et règlements de la République que le « Peuple souverain » a voulu « laïque, démocratique et sociale ».

Dieu ayant fait l’Homme « à Son image », veut qu’il fasse preuve de haute moralité dans sa vie de tous les jours, s’évertuant à tendre vers la perfection de Celui qui l’a aussi fait selon « Sa ressemblance ». Il ne doit donc pas laisser le diable et son égo (le diable qui sommeille en chaque Homme) letromper en lui faisant croire qu’il peut sans frais, porter préjudice aux autres personnes physiques et morales, ne pas tenir ses paroles, ne pas respecter ses engagements et ne pas bien gérer et remettre les dépôts matériels et immatériels qui lui sont confiés.

Le principal devoir de l’homme c’est donc d’œuvrer, en prenant comme modèles les Prophètes et les Saints pour être digne de ce que l’Eternel veut qu’il soit : Une personnification du Coran ou de la Bible en tant que porteur des vertus, des valeurs et des qualités qui permettent d’être compté parmi les « véridiques », les « pieux », les « Hommes de Dieu », les « membres du Parti de Dieu » ou les « Hommes de bien ». C’est ainsi qu’à l’image de Dieu, le leader ne doit pas léser ses subordonnés, doit s’interdire l’injustice à l’égard de ceux sous son autorité, doit être miséricordieux et doit utiliser à bon escient son pouvoir de punir.

Pour un croyant, l’autorité et les biens émanent de Dieu. Le pouvoir est un don de Dieu à ceux qui sont Ses principaux vicaires pour la gestion vertueuse d’une partie des affaires terrestres. Il sait qu’Il est l’Unique Pourvoyeur ou Dispensateur (de tout), Celui qui donne le pouvoir à qui Il veut, quand il veut et le reprend quand Il veut. Il est convaincu que « Nul malheur n’atteint l’homme que par la permission d’Allah. (…). ». Il ne doute point de la véracité de cette Parole qui veut que Dieu soit le Seul qui doit être craint et à qui il faut demander secours : « (…). Sache que si la communauté est d’accord, à l’unanimité, pour te faire quelque bien, cela ne te profitera que dans la mesure où Allah te l’aura assigné, et si elle est d’accord à l’unanimité pour te causer quelque tort, tu n’en pâtiras en rien, sinon dans la mesure où Allah en aurait ainsi décidé à ton encontre. (…). ».

Le pouvoir donné à l’Homme emporte de lourdes responsabilités pour le leader en tant que « berger » de tout un peuple (Président de la République) ou de tous ceux qui sont sous son autorité. Le leader-croyant accepte cette charge divine qui lui est déléguée et qui fait que ses prochains lui doivent respect et obéissance. Cette charge de gouverner, de commander, de diriger est une lourde épreuve pour le titulaire malgré les satisfactions qu’il peut en tirer en fonction des objectifs qu’il poursuit: le leader vertueux qui a la passion de servir de manière désintéressée trouve son bonheur dans le sentiment d’avoir bien tenu son rang et mérité la confiance qui était placée en lui, alors que le leader égoïste considère l’exercice d’une autorité comme un moyen d’accomplissement personnel. C’est ainsi qu’il est notamment dit : « Ô gens ! Vous serez enthousiastes d’avoir en mains le commandement qui sera pour vous une source de remords au Jour de la Résurrection » et « Si un commandeur ayant la fonction de gouverner des sujets musulmans meurt après les avoir trompés, Dieu lui interdira l’entrée du Paradis » (Hadith rapporté par Boukhari et Moslim).

Cette responsabilité est d’une gravité telle que tout croyant doit être conscient du fait que le déroulement d’un agenda personnel et la poursuite d’une ambition personnelle, qui portent préjudice aux bénéficiaires («clients») de l’exercice du pouvoir et / ou à la personne morale (État, Communauté, Organe employeur) à la tête de laquelle il se trouve, ou qui est inductrice d’injustices, d’iniquités, de malhonnêtetés et du détournement de ce pouvoir pour ses intérêts personnels notamment pour s’enrichir et enrichir des parents et alliés, conduisent inéluctablement à la perte le jour du Jugement Dernier (Jour de la Reddition des comptes).Ceci est la pire des choses pouvant arriver à un croyant.

Le leader-croyant doté de la foi véridique, conscient de cette lourde responsabilité aura donc toujours présent à l’esprit que Dieu Omniscient est un « Parfait Contrôleur » à qui rien ne peut échapper sur la manière dont celui qu’Il a titularisé à une fonction rempli ses charges, afin de s’évertuer à respecter toutes les prescriptions coraniques et bibliques ayant un lien avec l’exercice du leadership et non antinomiques avec les lois et règlements de la République.

L’intériorisation de ce savoir et la confiance en Dieu, qui veut que le bien prenne le dessus sur le mal dans tous les domaines, fera que le leader au service de l’État ayant acquis la  « sagesse totale », va fonder l’exercice de son leadership sur l’exemplarité ; sur le courage dans la défense de la vérité, de la justice, de l’équité et de l’égalité devant la loi de tous les citoyens ; sur la bienfaisance, le respect de la sacralité des ressources appartenant au Peuple et la primauté de l’intérêt général sur tous les intérêts particuliers ; sur l’honnêteté intellectuelle, la sincérité (conformité de ses actes avec ses paroles) et une harmonieuse conciliation de la fermeté et de l’humanité qui ne sont pas antithétiques ; sur le «commandement du convenable et l’interdiction du blâmable» et le rejet de l’alliance avec les ignorants, les méchants et les injustes, et sur le patriotisme qui est antinomique avec cet égoïsme principalement induit par les passions d’argent et de pouvoir que nourrissent de nombreux serviteurs de l’État, ayant peur de perdre une bonne place ou des privilèges et qui sont conséquemment incapables de participer au «bon combat» qui est celui pour que la Parole de Dieu, qui est amour vérité justice et équité prévale, et que les lois et règlements soient rigoureusement appliqué(e)s notamment pour le respect de la sacralité des ressources appartenant au peuple.

Parmi toutes les passions, ou les idoles, qui ont détrôné Dieu dans le cœur d’un nombre trop important de croyants, celle del’argent » est celle qui cause le plus de dommages à l’État (personne morale) en charriant de nombreuses victimes collatérales, qui le jour du Jugement Dernier se présenteront pour exiger une réparationen vertu desclauses du repentir1. Cependant c’estla passion du « pouvoir » qui est le « maître absolu des idoles » car dans notre pays c’est le pouvoir qui facilite l’acquisition de l’argent ou d’autres avoirs de manière licite ou illicite.

Ci-dessous des versets coraniques et bibliques, des hadiths et des vers du livre de la Sagesse qui étayent ce qui précède :

–    « Dis : “ô Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui Tu veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux ; et Tu donnes la puissance à qui Tu veux, et Tu humilies qui Tu veux. Le bien est en Ta main et Tu es Omnipotent. » (S 3 V 26)

–    « C’est Lui qui a fait de vous les successeurs sur terre et qui vous a élevés, en rangs, les uns au-dessus des autres, afin de vous éprouver en ce qu’Il vous a donné. (Vraiment) ton Seigneur est prompt en punition, Il est aussi Pardonneur et Miséricordieux. » (S 6 V 165)

–    « Est-ce eux qui distribuent la miséricorde de ton Seigneur ? C’est Nous qui avons réparti entre eux leur subsistance dans la vie présente et qui les avons élevés en grades les uns sur les autres, afin que les uns prennent les autres à leur service. La miséricorde de ton Seigneur vaut mieux, cependant, que ce qu’ils amassent. » (S 43 V 32)

–    « “Ô David, Nous avons fait de toi un calife sur la terre. Juge donc en toute équité parmi les gens et ne suis pas la passion : sinon elle t’égarera du sentir d’Allah”. Car ceux qui s’égarent du sentier d’Allah auront un dur châtiment pour avoir oublié le Jour des Comptes. » (S 38 V 26)

–    « Ceux qui s’opposent à Allah et à Son messager seront parmi les plus humiliés. » (S 58 V 20)

–    « Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » (Genèse (Ge) I : 26-28)

–    « ¹Malheur à ceux qui prononcent des ordonnances iniques, Et à ceux qui transcrivent des arrêts injustes, ²Pour refuser justice aux pauvres, Et ravir leur droit aux malheureux de mon peuple, Pour faire des veuves leur proie, Et des orphelins leur butin ! ³Que ferez-vous au jour du châtiment, Et de la ruine qui du lointain fondra sur vous ? Vers qui fuirez-vous, pour avoir du secours, Et où laisserez-vous votre gloire ? » (Esaïe 10 :1-3)

–    «4En effet, vous êtes les ministres de sa royauté ; si donc vous n’avez pas rendu la justice avec droiture, ni observé la Loi, ni vécu selon les intentions de Dieu, 5il fondra sur vous, terrifiant et rapide, car un jugement implacable s’exerce sur les grands ; 6au petit, par pitié, on pardonne, mais les puissants seront jugés avec puissance. 7Le Maître de l’univers ne reculera devant personne, la grandeur ne lui en impose pas ; car les petits comme les grands, c’est lui qui les a faits : il prend soin de tous pareillement. 8Les puissants seront soumis à une enquête rigoureuse. 9C’est donc pour vous, souverains, que je parle, afin que vous appreniez la sagesse et que vous évitiez la chute, » (Sagesse 6 : 4-9)

–    « Tu formas l’homme par ta Sagesse pour qu’il soit maître de tes créatures, qu’il gouverne le monde avec justice et sainteté, qu’il rende, avec droiture, ses jugements. » (Sagesse 9 : 2-3)

–    D’après Abdallâh Ibn Omar, l’envoyé de Dieu (que Dieu le bénisse et le salue) a dit : « Vous êtes tous des bergers et vous êtes responsables de vos ouailles et des choses dont vous avez la charge. (…).» (Hadith 501 / S.B. 893)

–    D’après Abou Hourayra (Da), le Prophète (PSDL) dit : « Ô gens ! vous serez enthousiastes d’avoir en mains le commandement qui sera pour vous une source de remords au Jour de la Résurrection. (…)» (Hadith 2200 / S.B. 7148)

–    Ma’qil Ibn Yasâr (Da) dit : « J’ai entendu le Prophète (PSDL) dire : « Tout homme à qui Dieu a confié le soin de diriger un peuple donné et qui n’en prend pas soin d’une manière droite, n’aura la chance même pas de sentir le parfum du Paradis ». (Hadith 2201 / S.B. 7150)

–    D’après Ma’qil Ibn Yasïr (Da), le Messager de Dieu (PSDL) dit : « Si un commandeur ayant la fonction de gouverner des sujets musulmans meurt après les avoir trompés, Dieu lui interdira l’entrée du Paradis ». (Hadith 2202 / S.B. 7151)

–    Le Prophète (S.B. sur lui) dit ; « Toute personne chargée d’administrer des sujets et qui le fait malhonnêtement sans cesser de le faire jusqu’à sa mort, sera empêchée d’accéder au Paradis. » (Hadith rapporté par Boukhari et Moslim)

–    Le Prophète (S.B. sur lui) dit : « Il y a trois catégories d’hommes auxquels Dieu n’adressera pas la parole le Jour du Jugement, il ne les purifiera, ni ne les regardera et qui seront voués à un supplice affreux, à savoir : Un vieillard adultère, un souverain menteur et un pauvre orgueilleux ». (Hadith Rapporté par Moslim)

II.        DES LEÇONS DE LEADERSHIP DONNÉES PAR ABOU BAKR ET SALOMON

Abou Bakr, premier khalifat après le mort du Prophète Muhammad (PSL) a dit notamment à son peuple dans son premier sermon : « Ô peuple ! Bien que je ne sois pas le meilleur d’entre vous, on m’a donné la responsabilité de vous gouverner. Je considérerai les plus faibles d’entre vous forts jusqu’à ce que je réclame pour eux ce qui leur est dû. Quant aux plus forts parmi vous, je les considérerai comme faibles jusqu’à ce que je leur aie pris ce qu’on doit leur prendre. O peuple ! Je suis un disciple (du Prophète), pas un innovateur. Aussi, si j’agis bien aidez-moi ! Et si je dévie, corrigez-moi ! Et faites vos comptes vous-mêmes avant qu’on ne vous demande des comptes ! Aucun peuple n’a jamais abandonné le jihad pour la cause d’Allah sans qu’Allah ne l’afflige de disgrâce ! Et aucune obscénité n’est apparue parmi les gens sans qu’Allah ne fasse s’étendre le désastre parmi eux ! Alors, obéissez-moi tant que j’obéis à Allah ! Mais si je désobéis à Allah ou à son Prophète, vous ne me devez aucunement obéissance ! J’aimerais bien mieux qu’on ait donné cette responsabilité à un autre parmi vous (et qu’elle m’ait été ainsi épargnée !) Et si vous vous attendez à ce que je remplisse le même rôle que le Prophète en ce qui concerne le wahy (la révélation), je ne peux pas le faire. Je ne suis qu’un être humain, alors montrez-vous indulgents envers moi. »2

Dans son discours d’une grande profondeur, Abou Bakr, avait fait preuve d’humilité, disant au peuple que bien qu’il ne soit pas le meilleur d’entre eux, la responsabilité, de les gouverner lui a été donnée et il a pris l’engagement de protéger les « plus faibles » en veillant à ce qu’ils reçoivent tout ce qui leur est dû et en s’assurant que les « plus forts » « donnent ce qu’ils doivent » (principes de la justice et de l’équité notamment dans les contributions aux charges de l’État, au travers des impôts, proportionnellement aux avoirs). Puis il a dit être comme les autres un disciple qui ne s’écartera pas de la voie tracée par le Prophète (Indique qu’il est un « disciple » et non un « maître ». Comprend que la voie tracée par le Prophète n’est qu’une parfaite illustration de la loi divine qui est au-dessus de sa personne), subordonnant d’ailleurs, l’obéissance qui lui est due, à la soumission à Allah et à son Prophète (l’obéissance n’est due qu’au leader qui respecte la loi divine) et requérant que les autres le soutiennent s’il se maintient sur le droit chemin et le corrigent s’il dévie (modestie et souci de la droiture, de l’exemplarité, du contrôle citoyen et de la participation des «sachants» à la bonne conduite de sa charge. Conscience aussi de son état d’être humain faillible).

Il a aussi appelé ses gouvernés, notamment les responsabilisés à faire leurs comptes eux-mêmes (un appel, à l’autodiscipline à l’autocontrôle comme un élément du principe de redevabilité etde la droiture individuelle) sans attendre que des comptes leur soient demandés (fait comprendre qu’un contrôle sera assuré, de même que la reddition des comptes ), avant de rappeler au peuple et au gens leurs obligations d’être constants dans le jihad pour la cause de Dieu (combat pour la victoire du bien sur le mal dans tous les domaines) et le rejet des obscénités (ce sont essentiellement les turpitudes qui font partie des expressions de la  crise morale actuelle et qui constituent de grands péchés) pour éviter la disgrâce et le désastre sur tout le peuple (un appel à la bonne santé morale de la société pour éviter les sanctions divines comme le fut très probablement le naufrage du bateau le Joola).

Il a enfin mentionné la lourdeur de sa charge et affirmé qu’il aurait aimé qu’un autre l’assume à sa place (une autre preuve d’humilité et le sens de la lourdeur de ses responsabilités) avant, d’avertir qu’il ne pourra pas être à la hauteur du Prophète en ce qui concerne la révélation (bonne conscience de ce que le Peuple attend de lui et de ses limites objectives) et de demander conséquemment l’indulgence du peuple envers lui (modestie).

« A Gabaon, l’Eternel apparut en songe à Salomon pendant la nuit, et Dieu lui dit : Demande ce que tu veux que je te donne. Salomon répondit : Tu as traité avec une grande bienveillance ton serviteur David, mon père, parce qu’il marchait en ta présence dans la fidélité, dans la justice, et dans la droiture de cœur envers toi ; tu lui as conservé cette grande bienveillance, et tu lui as donné un fils qui est assis sur son trône, comme on le voit aujourd’hui. Maintenant, Eternel mon Dieu, tu as fait régner ton serviteur à la place de David, mon père ; et moi je ne suis qu’un jeune homme, je n’ai point d’expérience. Ton serviteur est au milieu du peuple que tu as choisi, peuple immense, qui ne peut être ni compté ni nombré, à cause de sa multitude. Accorde donc à ton serviteur un cœur intelligent pour juger ton peuple, pour discerner le bien du mal ! Car qui pourrait juger ton peuple, ce peuple si nombreux ? Cette demande de Salomon plut au Seigneur. Et Dieu lui dit : Puisque c’est là ce que tu demandes, puisque tu ne demandes pour toi ni une longue vie, ni les richesses, ni la mort de tes ennemis, et que tu demandes de l’intelligence pour exercer la justice, voici, j’agirai selon ta parole. Je te donnerai un cœur sage et intelligent, de telle sorte qu’il n’y aura eu personne avant toi et qu’on ne verra jamais personne de semblable à toi. Je te donnerai, en outre, ce que tu n’as pas demandé, des richesses et de la gloire, de telle sorte qu’il n’y aura pendant toute ta vie aucun roi qui soit ton pareil. Et si tu marches dans mes voies, en observant mes lois et mes commandements, comme l’a fait David, ton père, je prolongerai tes jours. »3

En faisant preuve de modestie quant à son expérience (compétences) et en exprimant comme seul souhait l’acquisition d’un «cœur intelligent» pour pouvoir assumer correctement sa charge qui est de «juger son peuple» ou d’«exercer la justice», ne se souciant pas de l’acquisition de richesses ou de gloire et ne demandant pas la «mort ou la neutralisation de ses ennemis» afin de pouvoir régner paisiblement, Salomon nous donne une belle leçon de leadership avec un désintéressement, un amour pour son peuple et un oubli de soi qui font partie des éléments constitutifs du patriotisme. Se souciant simplement de son devoir de diriger au mieux son peuple immense comme le fit son père qui bénéficia de la grande bienveillance de l’Eternel parce qu’« il marchait en Sa présence dans la fidélité, dans la justice et dans la droiture de cœur envers Lui».

Un leader véridique, conscient de la portée de cet extrait du discours du Premier Khalifat après le décès du prophète (PSL), va certainement se présenter comme un protecteur des plus vulnérables, prendre conscience qu’il est un serviteur du Peuple et non le « Propriétaire du pays » (ou « Boroom rewmi » en wolof), et qu’il est soumis aux lois et règlements au même titre que tous les autres citoyens notamment ceux qui sont sous son autorité. Conscient de sa faillibilité, du fait qu’il peut se tromper ou qu’il n’a pas le monopole de la vérité (ou des meilleures idées), il sera ouvert aux conseils sincères et critiques positives ou constructives. Fidèle aux lois et règlements et à la primauté du bien général, il va s’interdire de donner des ordres en marge de la légalité et aura le courage, de se présenter en conseiller sincère, de refuser d’exécuter ou d’ordonner des missions occultes ou manifestement détachables du bien général. Il aura aussi le courage de prendre toutes les décisions même impopulaires commandées par l’intérêt général de l’Organisation au service de laquelle il se trouve ou de l’État, sans se soucier de l’état d’âme des puissants (des plus forts) et de tous ceux qui tiennent à la préservation de privilèges indûment acquis ou de situations dont ils profitent égoïstement. Il éduquera aussi ceux qui l’accompagnent à l’acceptation de la redevabilité et mettra en place un système de contrôle dissuasif et efficace et des répressions appropriées. Il veillera, par une éducation morale et une conscientisation, adaptées et par son exemplarité et celui des leaders qui lui sont subordonnés, à ce que les vices qui corrompent les rapports sociaux et la gouvernance des affaires publiques ne se développent pas et que les vertus qui leur sont contraires soient les vecteurs directeurs de la conduite de tous ses subordonnées pour l’optimisation des performances et la satisfaction de clients.

Un Président de la République véridique, s’inspirant de cet extrait du premier sermon d’Abou Bakr et ayant le même état d’esprit que Salomon exclusivement préoccupé par sa capacité à assumer avec justice sa charge, pourra tenir les propos suivants :

« Ô peuple sénégalais, je suis votre Serviteur et non le « Borom rewmi » aux pouvoirs illimités. Je suis un serviteur de l’État à qui le Peuple a délégué son pouvoir et le soin de gérer de manière vertueuse ses ressources pour la satisfaction optimale des besoins socio-économiques et sécuritaires de ses membres, ainsi que pour la réalisation des objectifs communs de développement dans l’amour, la vérité, la justice, l’équité et la cohésion sociale. Aussi si j’agis bien, si j’agis honnêtement, dans le respect scrupuleux des lois et règlements et dans le sens de la primauté des intérêts du pays, aidez-moi. Et si je dévie, dites-le-moi, appelez mon attention et conseillez-moi ». « Aucun Peuple n’a pu optimiser son bonheur avec des gouvernants antipatriotes n’acceptant pas de manière inconditionnelle la primauté de l’intérêt général sur tous les intérêts particuliers, mais aussi avec des pouvoirs judicaire et législatif aux ordres du pouvoir exécutif. Pour ne pas continuer à croupir dans le sous-développement et courir le risque d’une sanction divine collective comme celle du naufrage du bateau le Joola, nous devons en tant que croyants, nous évertuer à nous doter d’une foi véridique ; veiller à l’application scrupuleuse des principes et règles de l’État de droit, de la bonne gouvernance, des droits de l’homme, de la démocratie et de la transparence dans la gestion des affaires publiques ; mettre fin à toute impunité quand il s’agit notamment des crimes économiques et des crimes de sang, et sortir notre pays de la crise morale dans laquelle il est plongé depuis longtemps. Alors obéissez-moi tant que j’obéis à la Constitution et aux autres lois et règlements qui sont au-dessus de tout le monde, moi y compris ! Mais si je désobéis aux lois et règlements que le Peuple souverain s’est donné, si je ne sauvegarde pas la primauté des intérêts du pays, si je dépense les ressources du Peuple dans des réalisations non prioritaires ou non développantes, si je ne respecte pas le serment que j’ai prêté devant Dieu, si je veux tripatouiller la constitution et / ou le code électoral pour me maintenir au pouvoir plus longtemps ou pour la sauvegarde de mes intérêts politiques personnels, si j’abuse manifestement de ce pouvoir qui vous appartient notamment pour protéger mes parents et mes alliés qui sont du nombre des criminels en col blanc, si je détourne ce pouvoir et les forces publiques (Justice, Force de police, Ministère de l’intérieur, Administration territoriale) pour la neutralisation de mes adversaires politiques ou pour porter atteinte aux droits constitutionnels des citoyens, vous avez le droit de me faire des reproches, le droit de manifester pacifiquement votre désapprobation, de rompre votre alliance avec moi, comme Dieu vous le commande, et moi le devoir de vous écouter et d’aller avec tous ceux qui m’accompagnent dans le sens de l’intérêt général du Pays avec patriotisme, vérité, justice et équité!»

Socrate a dit que « nul n’est méchant volontairement. La méchanceté est fille de l’ignorance. » Nous voudrions ajouter que la méchanceté envers son peuple, l’injustice ou la commission délibérée de mauvaises œuvres dans la gestion des affaires publiques par un croyant sont filles de l’ignorance ou de l’égarement. C’est pourquoi cet article et les autres constituent une modeste contribution visant à sortir de nombreux leaders étatiques de l’obscurité dans laquelle les passions d’argent, de pouvoir et de jouissances les ont plongés ou à les aider à acquérir la « sagesse totale » qui est le produit de la « science du bien et du mal » et de la « volonté de toujours bien se conduire » pour ne causer sciemment aucun dommage à une personne physique ou morale.

NOTES :

:   Nous produirons, si Dieu le veut, un article sur les péchés découlant d’un « préjudice causé à une personne morale » telle que l’État, avec cette « attente abusive de la miséricorde divine » qui est la porte ouverte aux récidives dans la commission des mauvaises œuvres et donc un perpétuateur ou aggravateur de la crise morale.

:   (Kanz al ‘Ummal III 130-135) Guide de formation des cadres musulmans de Hisham Altalib traduit par Michèle Messaoudi, page 59

3 :   La Sainte Bible traduite d’après les textes originaux hébreu et grec par Louis Segond Docteur en théologie Le premier livre des rois (1 Roi) Chapitre 3, versets 5 à 14 Bible de (1 Rois 3 : 5-14)

Colonel de Gendarmerie (retraité) Tabasky Diouf

tabou@jogngirsenegal.sn

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