Appel patriotique aux sept (7) sages du conseil constitutionnel

5 février 2024 | 0 commentaires

Mention : Indiquons que cet article a été directement remis le 24.01.2024 aux responsables de six (6) Organes étatiques concernés

Mesdames et messieurs les sept (7) sages

Dans notre appel patriotique à Monsieur le Président de la République diffusé le 28 novembre 2023, nous indiquions : « Il importe en outre, qu’en tant que garant du bon fonctionnement de tous les Organes étatiques intervenant dans le processus électoral, que vous donniez des directives afin d’assurer leur impartialité et obtenir que le Conseil constitutionnel exploite les parrainages, en facilitant toutes les corrections possibles, pour que nous pussions avoir un nombre de candidats qui, au minimum, tournera autour de quinze (15), d’autant plus que les 25 février 2007 et 26 février 2012, il y avait respectivement 15 et 14 candidats . »

En publiant le 20 janvier 2024, en application du Code électoral une liste des vingt (20) candidats, qui vont participer à l’élection présidentielle du 25 février 2024, après avoir rejeté le recours du candidat de la mouvance présidentielle et accepté celui contre un candidat de l’opposition, vous avez, par la grâce de Dieu, agi dans le sens souhaité par tous les honnêtes et impartiaux citoyens. Nous vous en remercions et vous disons que le peuple sénégalais vous en sera toujours reconnaissant, malgré les dysfonctionnements qui ont été notés dans le contrôle des parrainages et qui avaient poussé de nombreux sénégalais à douter de votre impartialité surtout du fait que de sérieux candidats avaient été éliminés sur des bases peu objectives.

Nous ne reviendrons pas en détail sur ces dysfonctionnements qui ont été clairement mis en exergue dans une Déclaration commune qui a été signée le 17 janvier 2024 par le Président de l’Initiative Citoyenne Jog Ngir Senegaal, trois éminents experts et six (6) personnalités politiques dont des représentants de fronts de candidats injustement écartés par un système de parrainage dont la fiabilité et l’objectivité sont négativement impactées par le hasard et la chance qui sont liés au tirage au sort de l’ordre de passage au contrôle des parrainages.

Nous voudrions cependant dire que dans ce contrôle des parrainages, les griefs contre le Conseil constitutionnel (CC) portent notamment, sur le fait qu’il ait accepté d’effectuer le contrôle sur la base d’un fichier sciemment corrompu, car ne comportant pas des électeurs qui avaient voté lors des élections législatives de 2022 ; sur les manipulations dommageables qui seraient commises par les informaticiens du Conseil constitutionnel sur les fichiers de parrainage de certains candidats, et sur l’élimination de candidats pour « fichier de parrainage non exploitable » alors que pour chacun d’eux, il y avait, en application des alinéas 2 à 4 de l’article 3 de la décision no 1/E/2023 du 24 novembre 2023 du CC, un « enregistrement chiffré » du fichier électronique dans l’ordinateur du CC et aucun « vice affectant » ledit fichier n’a été mentionné sur le récépissé de dépôt de candidature qui lui a été remis.

La responsabilité de la corruption du fichier par rapport à celui de 2022 est imputable, soit conjointement à la Direction générale des élections (DGE) en rapport avec la Direction de l’automatisation des fichiers (DAF) qui n’ont pas veillé à ce qu’un fichier mis à jour soit mis à la disposition du CC et de la Commission électorale nationale autonome (CENA) qui pourtant, « est obligatoirement présente à tous les niveaux de conception, d’organisation, de prise de décision et d’exécution depuis l’inscription sur les listes électorales jusqu’à la proclamation provisoire des résultats », soit aux informaticiens du Conseil constitutionnel qui seraient coupables de la manipulation du fichier électoral reçu, comme ils l’auraient fait sur les fichiers de parrainage de certains candidats.

Nous avons donc eu la manifestation de manœuvres frauduleuses ou d’un manque de sérieux de l’Administration qui pourraient être le prélude à des fraudes plus importantes dans plusieurs aspects du processus électoral. Profondément préoccupé par tout ce qui pourrait fausser la sincérité, l’honnêteté et la transparence de l’élection présidentielle du 25 février 2024, avec notamment une utilisation et des manipulations malhonnêtes des données du fichier électoral, et conscient de notre devoir de toujours mettre en œuvre l’adage seereer qui dit « O maak lay aanum mooju o maak and aanum »1, nous avons l’honneur de lancer à travers vous cet appel patriotique à tous les magistrats et aux acteurs dudit processus électoral pour : partager avec vous notre vision de l’évolution de la mal gouvernance de notre pays (I.) sans laquelle, il n’y aurait pas eu ces dysfonctionnements; mettre en exergue le principal enjeu de l’élection présidentielle du 25 février 2024 (II.), et exprimer successivement « Ce qui est attendu des acteurs du processus électoral » (III.), l’ «Exigence d’un sursaut de patriotisme et d’un regain de vraie croyance en Dieu» (IV.) et « Ce qui est attendu des acteurs du pouvoir judiciaire » (V.)

  1. EVOLUTION DE LA MAL GOUVERNANCE DU PAYS
Mesdames et messieurs les sept sages

Des témoignages d’acteurs et de témoins de l’histoire permettent de lier la consolidation de la mal gouvernance à la crise politique du 17 décembre 1962. Il apparait que même si les deux premiers régimes socialistes de l’indépendance à l’an 2000 ont eu le grand mérite d’avoir, construit une Nation, façonné des Forces de défense et de sécurité républicaines et très professionnelles, établi une Administration performante et donné au Sénégal sa stabilité, sa démocratie que d’autres pays nous enviaient, ils ont été marqués par beaucoup de faiblesses dans les domaines de la justice, de l’équité, de la transparence, de la gestion des maigres ressources du pays et du développement économique. La mal gouvernance a été principalement matérialisée par l’émergence de « nouvelles dépendances »2 ayant soutenu la néocolonisation, par des scandales non élucidés, des faillites, la désindustrialisation du Pays et la « compradorisation de l’économie sénégalaise »3.

C’est cette mal gouvernance qui avait suscité un profond désir de changement qui a conduit à la première alternance démocratique. Malheureusement, contrairement aux promesses qu’il avait faites, le Président de la République qui a été élu en 2000 a, aggravé la mal gouvernance ; affaibli beaucoup de pans de l’Administration par une agencialisation4 et une politisation ; fait émerger injustement des milliardaires sans aucun mérite particulier, et accentué la déification de l’argent qui a fini par détrôner Dieu du cœur de nombreux croyants sénégalais. Le « Pape du Sopi » a fini par croire que tous les sénégalais avaient un prix, procédant conséquemment à de larges opérations de débauchage de membres de l’opposition et de corruption de hauts commis de l’État et de grands électeurs par des mallettes d’argent ainsi que par l’accaparement des ressources financières et l’affectation anarchique et injuste des ressources foncières et immobilières de l’État.

En 2012, le Chef de l’État actuel est arrivé au pouvoir avec de belles, bonnes et justes paroles dans ses différents discours de 2012-2013, que tout Président de la République devrait épouser et concrétiser honnêtement, s’il veut mettre les sénégalais au travail, les pousser vers la réappropriation des valeurs positives chères à notre peuple et obtenir que dans notre République les principes et les règles de l’État de droit, des droits de l’homme, de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la transparence dans la gestion des affaires publiques soient rigoureusement respectés.

Malheureusement, après un départ prometteur en 2012 et 2013 notamment dans la création et le renforcement de Corps de contrôle, il a fini par choisir de perpétuer le système de mal gouvernance marqué par de graves atteintes à la sacralité des ressources appartenant au peuple et aux exigences de transparence et de redevabilité ainsi qu’un laxisme antipatriotique dans la lutte contre la corruption, les malversations, la fausse monnaie, le trafic de drogue et des faux médicaments. Il a par ailleurs accentué la politisation de l’Administration et renforcé l’agencialisation qu’il avait fustigée simplement pour caser des alliés trop grassement rémunérés par rapport aux fonctionnaires.

Mais ce qui fait la négative particularité du régime actuel, c’est qu’il a, sans aucun doute terni la belle image qu’avait le pays en matières de démocratie et de respect des droits de l’homme avec notamment, des flagrantes atteintes au principe constitutionnel d’égalité devant la loi de tous les citoyens ; la protection judiciaire accordée aux transhumants qui étaient visés par la traque des biens mal acquis ; la protection systématique d’alliés épinglés par les corps de contrôle ou impliqués dans des scandales ; le défaut de traitement judiciaire adéquat de disparitions suspectes et de nombreux homicides commises en mars 2021 et juin 2023 à l’occasion de manifestations avec l’implication de nervis, et la décrédibilisation du pouvoir judicaire avec des hauts magistrats qui ne sont pas en mesure de défendre l’indépendance du pouvoir qu’ils ont l’honneur de servir et de lui faire jouer efficacement et honnêtement le rôle qui lui est constitutionnellement attribué.

Cette situation, incontestablement anormale, surtout dans un pays où le peuple a constitutionnellement consacré sa croyance en Dieu au travers de la prestation de serment du Président de la République qui «

Jure devant Dieu et devant la Nation sénégalaise », a fait naitre des inquiétudes, principalement parce que le système de mal gouvernance est une amplificatrice d’injustices et d’abus du pouvoir, et aussi une destructrice d’intégrité morale et de bonnes ambitions. C’est d’ailleurs l’intensité de la force corruptrice de ce système, au travers de l’égarement induite par les passions d’argent et de pouvoir, qui est la principale justification du fait que les Présidents de la République, élu en 2000 et 2012, n’aient pas pu respecter les promesses qu’ils avaient faites pour l’institution de la bonne gouvernance.

C’est aussi l’intensité de la force corruptrice de ce système de mal gouvernance qui a rendu possible au sein de cet auguste Organe étatique qu’est le Conseil constitutionnel, ces dysfonctionnements dans le contrôle des parrainages, qui sont indignes de notre pays au passé électoral plus que centenaire et qui se trouve à un tournant de son histoire avec la prochaine exploitation du pétrole et une production plus soutenue du gaz et des ressources minières », qui attisent déjà des convoitises intérieures et extérieures qui feront du Sénégal un pays vulnérable à ce qui est communément appelé la « malédiction de l’or noir ».

La perpétuation de la mal gouvernance au-delà de 2024, dans le contexte susmentionné, va très certainement générer une amplification des injustices, des abus et des atteintes aux droits de l’homme; une augmentation des magouilles, des combines, des rivalités politiques malsaines, des tentatives d’embastillement et de réduction de l’opposition à sa plus simple expression ; un accroissement de l’instrumentalisation de responsables étatiques dépositaires de la force publique, et une optimisation du nombres des frustrés, des indignés et des impactés ne profitant pas assez de l’exploitation des ressources naturelles. Ces « laissés-pour-compte » pourraient se révolter et provoquer des violences et des affrontements de haute intensité pouvant remettre en cause la stabilité du pays, la paix et la cohésion sociale que de nombreux pays nous envient.

Le fait que les alternances de 2000 et 2012 n’aient pas apporté les ruptures d’ordre éthique dans la gouvernance des affaires publiques a aiguisé le besoin de changement du peuple sénégalais pour le bonheur duquel, il importe d’obvier ce grand mal (déstabilisation) qui pourrait provenir des injustices et autres pratiques antipatriotiques de gouvernants qui choisiraient de perpétuer le système de mal gouvernance qui est aussi marqué par cette « fracture entre les élites politiques » qui selon feu le juge Kéba Mbaye est la source de cette « déviance vers l’enrichissement illicite, le « giiros », la corruption sous toutes ses formes, l’absence de l’amour de la nation» . C’est pourquoi, le véritable enjeu de l’élection présidentielle de février 2024 est un choix entre le maintien ou l’éradication du système de mal gouvernance qui s’est perpétuée depuis la crise politique du 17 décembre 1962.

  1. LE VÉRITABLE ENJEU DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DU 25 FÉVRIER 2024
Mesdames et messieurs les sept sages

Il est évident que tous les patriotes, tous les Hommes de bien, ayant l’esprit tourné vers le bien, vont rapidement choisir la fin du système de mal gouvernance qui est assurément une condition sine qua non de la capacité de l’État à optimiser le bonheur du peuple sénégalais et à inscrire le pays dans la voie de la construction du « Meilleur Sénégal Possible »

Parce que le Président de la République est le seul, capable d’imprimer les véritables changements dont le Pays a besoin, du fait de son pouvoir qu’il tient du Peuple sénégalais et de la seule volonté du Tout Puissant, devant qui il jure de bien remplir sa charge, le choix ci-dessus se ramène à celui entre élire un Président de la République qui va gouverner patriotiquement, et porter au pouvoir un Chef de l’État qui va perpétuer la mal gouvernance en demeurant dans le refus de la primauté de l’intérêt général sur tous les intérêts particuliers, dans les égoïsmes, le népotisme, le favoritisme, le clientélisme, les accaparements, la corruption, la gabegie, les injustices, les impunités sélectives, les hypocrisies et les exclusions.

Tous les patriotes ont donc le devoir de choisir la fin du système de mal gouvernance et œuvrer pour que le peuple dont le choix ne doit pas être corrompu par des magouilles, des combines ou des manipulations puisse élire, avec le maximum de soin, parmi les fils du pays les plus vertueux, un Président de la République qui pourra notamment par son patriotisme, son intégrité morale, son amour des plus faibles et par son exemplarité, apporter toutes les ruptures d’ordre éthique attendues depuis 2000 et mettre fin à la fracture, susmentionnée, entre les élites politiques.

Un Président de la République qui pourra conduire le Peuple vers des lendemains meilleurs en engageant notamment les réformes institutionnelles qui ont été recommandées par les Assises

nationales de 2008-2009 et la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) dans son rapport de décembre 2013 ; réformes que les Chefs d’État qui se sont succédé depuis 2000 n’ont pas voulu adopter, principalement pour sauvegarder les intérêts des partis politiques au pouvoir.

Un Président de la République qui pourra, avec son équipe et en rapport avec toutes les forces vives du pays, changer tout ce qu’il y a de mauvais dans la conduite du peuple et mettre en place les solides fondements du «Meilleur Sénégal Possible» pour les générations futures ; un Sénégal avec de

« bons citoyens » vivant sous la conduite républicaine de «bons gouvernants» et la conduite spirituel de «vrais guides religieux » dans une société où les rapports interpersonnels et ceux entre les Hommes et les personnes morales seront fondés sur l’amour, la vérité, la justice et l’équité, afin que partout et en tout, le bien prenne le dessus sur le mal, et que l’État puisse enfin optimiser le bonheur (bien partagé) des populations.

Malgré des opérations de corruption des électeurs lancées dans le pays notamment en milieu rural, en faveur du candidat soutenu par le Président de la République, avec des distributions d’argent, des promesses et des privilèges de dernière heure accordés, le principal défi est d’obtenir que tous ceux qui jouent un rôle important dans le processus électoral fassent preuve de patriotisme et de justice pour garantir le caractère honnête, transparent et paisible de l’élection présidentielle et contribuer ainsi à ce que le peuple, dont la souveraineté ne doit pas être hypothéquée pour la sauvegarde d’égoïstes intérêts personnels, puisse choisir librement son Chef.

Pour que la construction du « Meilleur Sénégal Possible » puisse commencer au plus tard à partir d’avril 2024, il importe que tous ceux qui choisissent de se servir de l’État pour notamment des enrichissements illicites et qui ne se soucient pas de la destruction de l’image, de l’autorité et de la crédibilité de cet État, personne morale, n’aient plus l’honneur et le privilège de gouverner le pays. A chacun la liberté de choisir le sens qu’il veut donner à sa vie, mais au Peuple, la liberté et le devoir de bien choisir son Chef.

Le citoyen qui sera élu Président de la République devra avoir comme principale ambition de « servir son peuple » de manière désintéressée dans le respect strict du serment prêté devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, en gouvernant l’État, délégataire de ce « Peuple » de telle sorte qu’arrivé au bout de son mandant de cinq (5) ans, il soit fier d’avoir pu, en dehors de toute discrimination, et sur la base de la valeur intrinsèque des uns et des autres, fédérer les meilleures compétences qui ont pu l’aider à réussir les accomplissements suivants : « Ancrer » dans le pays un respect rigoureux des règles et principes de l’État de droit, des droits de l’homme, de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la gestion des affaires publiques ; « Satisfaire » les principaux besoins sécuritaires et socio-économiques des populations ; « Édifier » un État capable de garantir à chacun l’épanouissement de sa personnalité suivant son potentiel dans le cadre d’un culte de l’honneur, de la dignité, du travail, de l’excellence et du mérite, avec des rapports interpersonnels et des rapports entre les citoyens et l’État fondés sur l’amour, la vérité, la justice et l’équité, et « Placer » le pays dans une voie de développement, de paix, de bon ordre public, de cohésion sociale et de renaissance des valeurs menant, au « Meilleur Sénégal Possible » que nous voulons pour les générations futures

», dans une Afrique de l’Ouest plus unie, plus prospère, plus solidaire et apte à gérer de manière autonome ses problèmes sécuritaires.

La réalisation de ce choix qui conditionne donc le bon devenir du pays, dépend de la capacité de tous les acteurs du processus électoral à œuvrer pour qu’il y ait une élection suffisamment libre, honnête, transparente et paisible.

  1. CE QUI EST ATTENDU DES ACTEURS DU PROCESSUS ÉLECTORAL
Mesdames et messieurs les sept sages

Face à tous ces dysfonctionnements qui ont totalement décrédibilisé ce système de parrainage institué en 2018, nous avons l’intime conviction qu’il était porteur d’une injustice congénitale, dans la mesure où, il mettait au même pied d’égalité des candidats investis par des partis politiques ou des coalitions de partis ayant des devoirs et des droits constitutionnellement consacrés et des candidats indépendants. Ce système apparaissait plus comme un moyen d’exclusion de candidats non désirés, qu’une procédure visant à renforcer la démocratie et la justice, et apte à sélectionner les candidats les plus crédibles. La généralisation du parrainage combinée à une totale inertie dans la possible rationalisation des partis politiques simplement par une application rigoureuse de la loi, faisaient très

probablement partie des « peexe » (manœuvres au sens péjoratif du terme) du Président de la République, qu’un de ses conseillers avait fortement soulignés quand ils se sont séparés.

Aussi, nous avons peur, pour notre pays, que si rien n’est fait ces « peexe » que le Président de la République » développerait avec la complicité de hauts fonctionnaires « égarés », risquent de conduire à un hold-up électoral que le peuple, notamment de sa frange la plus jeune, qui a manifestement soif de véritables changements dans la paix, pourra difficilement accepter. Nul n’a le droit de s’opposer par des manipulations aux aspirations profondes du peuple sénégalais, qui est d’ailleurs le même que ceux de tous les peuples de l’ancienne Afrique occidentale française (AOF), c’est-à-dire, l’avènement de gouvernants vraiment patriotes pouvant consacrer la vraie indépendance de leur pays ou mettre fin à la néocolonisation pour notamment la mise des peuples au centre des préoccupations gouvernementales et l’institution de rapports gagnant-gagnant avec l’ancien colonisateur qui, au moment des indépendances, avait pu machiavéliquement se transformer en néocolonisateur après avoir joué au Sénégal un rôle négatif de premier plan dans la crise politique du 17 décembre 1962.

Pour mettre fin à cette légitime inquiétude, la plus importante chose qui doit être faite en extrême urgence est l’audit de certification du fichier électoral, à l’initiative de la CENA, en rapport avec la DGE et la DAF. Cet audit étant possible en quelques jours, selon de nombreux sachants, il s’agit de confier le travail à des experts sénégalais qui vont rapidement le faire, sur la base du fichier électorale de 2022, avant le tirage des listes électorales et la finalisation de la carte électorale, notamment pour, identifier les insuffisances actuelles du fichier électoral; veiller à ce que les centaines de milliers de citoyens, qui avaient voté aux élections législatives de 2022 et qui ont été déclarés absents du fichier lors du contrôle des parrainages, y soient éventuellement réintroduits et vérifier si ceux qui se sont inscrits lors de la révision exceptionnelle des listes électorales en 2023 (notamment les primo-votants) ont reçu leur carte d’électeur. Par ailleurs, la CENA doit s’assurer en rapport avec la DGE et la DAF que les électeurs qui ont changé de bureau, voire même de lieu de vote, notamment à la suite des dernières inscriptions, vont en être informés et / ou que des dispositions seront prises dans ce sens par des affiches au niveau des lieux de vote au plus tard la veille du scrutin.

Par ailleurs, dans un pays où des personnes impliquées dans la fausse monnaie ou la corruption ont bénéficié de la liberté provisoire, où de nombreuses personnes épinglées par les Corps de contrôle pour des crimes économiques ont été protégées, et où des citoyens ayant manifestement dit pire que ce pour quoi M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye est en détention n’ont pas été inquiétés, il importe que les patriotes membres du « Pouvoir judiciaire », à la tête duquel il y a vous les sept (7) sages du Conseil constitutionnel, les magistrats de la Cour suprême et les Inspecteurs généraux des Cours, Tribunaux et Parquets, interviennent pour la libération immédiate de ce fonctionnaire, afin que les principes de justice et d’équité dans le traitement de tous les candidats à l’élection présidentielle de 2024 ne soient pas rompus. Pour l’apaisement et la décrispation de la tension politique, ils doivent aussi intervenir pour la libération de tous ceux qui sont emprisonnés pour des délits d’opinion notamment les fonctionnaires et les élèves. Ceci aiderait d’ailleurs à décongestionner les prisons.

En outre, il importe de corriger le recul démocratique que représente l’arrêt de la mise en ligne du fichier électoral qui était effective jusqu’en 2012. L’article L.49 du Code électoral de 2021 a, par la suite, consacré ce recul par la modification de la formulation des deux derniers alinéas de l’article

L.48 du code électoral de 2017 qui a été abrogé, alors que ce dernier avait maintenu, en ces alinéas, le même contenu de l’article 46 du code électoral de 1992 modifié notamment en 1997. En effet c’est cet article L.49 qui a subordonné l’exercice de ce « droit de regard et de contrôle sur la tenue du fichier », qu’ont les partis de l’opposition et la CENA, à la prise d’un décret qui tarde à être pris malgré les promesses qui ont été faite par le Ministre de l’Intérieur. Ci-dessous les formulations en question :

  • « (…). La C.E.N.A ainsi que les partis politiques légalement constitués ont un droit de regard et de contrôle sur la tenue du fichier. Un décret détermine les conditions d’organisation et de fonctionnement de ce fichier. »5 (Articles 46 et 48)
    • « (…). La C.E.N.A ainsi que les partis politiques légalement constitués ont un droit de regard et de contrôle sur la tenue du fichier. Les modalités pratiques d’exercice de ce droit de regard et

de contrôle de la CENA et des partis politiques légalement constitués sur le fichier ainsi que ses conditions d’organisation et de fonctionnement sont déterminés par décret. » (Article 49)

Enfin, même si l’organisation des élections peut être négativement impactée par les moyens de pressions du Président de la République sur les acteurs étatiques intervenant dans le processus électoral et sur une partie de l’électorat au travers notamment de la corruption, de l’achat de votes et des promesses de toutes sortes, amplifiés par l’inertie dans l’élaboration de la loi sur le financement des partis politiques et les détournements des ressources de l’État facilités par la protection systématique des auteurs de malversations, la liberté, l’honnêteté et la transparence des élections dépend grandement de l’attitude des fonctionnaires qui sont des acteurs dans le processus électoral.

Dans une démocratie véritable, servie par une Administration (au sens large du terme) vraiment républicaine et vertueuse, la présence à la tête du « Ministère chargé des Élections » d’un responsable politique appartenant au parti au pouvoir ne doit pas être un obstacle à l’organisation d’une élection libre, honnête transparente, démocratique et paisible. En effet, c’est le courage, la loyauté, l’impartialité et la neutralité de tous les agents de l’État qui devraient être déterminants pour l’obtention d’une telle élection. Etant statutairement à l’écart des chapelles politiques, les agents de l’État n’ont pas le droit d’être les auteurs ou les complices passifs d’actes manifestement injustes et / ou malhonnêtes, susceptibles de fausser le résultat de l’élection présidentielle, qui au demeurant doit refléter exactement la volonté du Peuple souverain. Ils doivent conséquemment refuser avant, pendant les élections et durant le recensement des votes, d’obéir à d’éventuels ordres, instructions ou requêtes illégaux, allant seulement dans le sens des intérêts de la mouvance présidentielle et qui représenteraient une rupture d’égalité, de justice et d’équité dans le traitement des candidats.

Les serviteurs de l’État qui sont concernés par cette obligation d’impartialité sont principalement les responsables des Forces de Police ; les membres de la CENA, les fonctionnaires de la DGE et de la DAF ; les Autorités administratives (Gouverneurs, Préfets et Sous-préfets) ; les membres du Conseil constitutionnel ; les responsables des Cours, Tribunaux et Parquets; les membres des Commissions départementales de recensement des votes et de la Commission nationale de recensement des votes et le Directeur général de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS).

S’agissant des opérations ayant un lien avec les élections et qui requiert la justice et la poursuite exclusive du bien du pays dans leur conduite, il y a principalement l’établissement et la gestion du fichier électoral, l’établissement et la révision des listes électorales ; la mise à jour de la carte électorale ; l’impression, la distribution et la conservation des cartes d’électeur ; la remise de la liste des électeurs par bureau de vote ; la commande et l’impression des bulletins de vote ; la publication de la liste des bureaux de vote ; la publication des listes électorales ; la mise en place du matériel et des documents électoraux ; le décompte et la sécurisation des cartes d’électeur non retirées ; le ramassage et la transmission des procès-verbaux des bureaux de vote aux lieux de recensement ; la centralisation des résultats ; les travaux des commissions départementales et nationale de recensement des votes ; la sécurité des candidats, la sécurisation des lieux et bureaux de vote, le maintien de l’ordre et la surveillance du territoire et des frontières pour notamment éviter des transferts d’électeurs et tous les comportements de politiciens cherchant à influencer le sens des votes des électeurs.

La capacité de tous les intervenants à être neutres, impartiaux et déterminés à agir patriotiquement, fondant leurs actes exclusivement sur la vérité et la justice, requiert pour des croyants un sursaut de patriotisme et un regain de cette vraie croyance en Dieu qui permet d’avoir le courage, en tout ce qui relève de ses attributions, de refuser l’exécution d’un ordre illégal et de s’opposer à tout acte illégal ou injuste destiné à fausser le jeu démocratique ou le choix des électeurs.

  1. EXIGENCE D’UN SURSAUT DE PATRIOTISME ET D’UN REGAIN DE VRAIE CROYANCE EN DIEU
Mesdames et messieurs les sept (7) sages

Ce sont les sénégalais qui feront du Sénégal, ce qu’il sera demain, notamment pour les générations futures, car, en nous disant qu’Il «ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les individus qui le composent ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes (…) » (S 13 V 11 du Coran), Dieu nous indique clairement que si nous persistons dans nos négligences, dans nos turpitudes, dans notre déification « de l’argent, des plaisirs, des places, des privilèges et du pouvoir », Il nous laissera assumer les conséquences de nos mauvaises œuvres et pourra d’ailleurs, en fonction de la gravité et du nombre

élevé de nos péchés, « faire s’étendre le désastre parmi nous », comme ce fut très probablement le cas avec le naufrage du bateau le Joola en 2002.

Si nous voulons sauvegarder la stabilité de notre pays et le mettre sur la voie d’un développement, fondé sur le patriotisme, la vérité, la justice, l’amour d’autrui ainsi que sur le culte du travail, de l’excellence et du mérite, et si nous voulons construire un État capable d’induire un maximum de bonheur pour les populations, il est vraiment temps que nous, Sénégalais, arrêtions de nous voiler la face et de reconnaître, en dehors de toute hypocrisie, nos tares, nos faiblesses, nos turpitudes et nos responsabilités collectives et individuelles pour pouvoir enfin « faire le bon choix et agir » pour apporter les redressements et les ruptures nécessaires.

Convaincu de la capacité de chacun de vous, à se comporter en « Homme de bien », en « Homme d’honneur », en « Homme d’excellence », nous voudrions insister encore sur le fait que vous êtes des croyants à qui Dieu interdit clairement de vous allier avec les injustes, les égoïstes, les menteurs, les méchants, les magouilleurs et les forts en injustes combines. Vous devez donc vous interdire d’être coauteurs ou complices d’actes destinés à fausser sciemment le jeu démocratique, et qui en toute vérité, constituent des faits de trahison du peuple souverain.

Si la connaissance des lois et des règlements est une évidence pour les hauts commis de l’État, il demeure évident que la manière dont ils les interprètent pour agir, ou pour prendre des décisions peut être négativement influencée par un déficit d’appropriation, des « valeurs culturelles fondamentales

», qui peut les conduire à mal agir, à trahir leur serment et faire finalement d’eux les complices de la perpétuation d’un système de mal gouvernance qui a déjà terni la belle image du Sénégal en matière de démocratie et de respect des droits de l’homme ; qui a fini par dégrader l’indépendance (article 88 de la Constitution) et la crédibilité et du Pouvoir judiciaire en tant que « gardien des droits et libertés définis par la Constitution et la loi » (article 91 de la Constitution), et qui risque de remettre en cause pour longtemps la paix, le bon ordre public et la cohésion sociale que nos anciens nous ont légués du fait principalement d’un déficit de patriotisme et d’un égarement au sens coranique du terme de gouvernants et de hauts commis de l’État.

Tous les patriotes croyants doivent donc lutter contre les injustices et les mensonges car ils sont des destructeurs de paix, de cohésion sociale, et de bon ordre public. C’est d’ailleurs pour cela qu’il nous semble utile de rappeler, d’abord le contenu du verset 26 de la sourate 38 du Coran par lequel Dieu met en garde le grand Prophète David contre « la passion qui égare du sentier d’Allah » afin de souligner qu’aucun être humain n’est à l’abri de l’égarement principalement par la « passion de l’argent, du pouvoir, des plaisirs et de la place; ensuite les dispositions du verset 135 de la sourate 4 par lesquels Dieu ordonne à tous les croyants d’«Observez strictement la justice fût-ce contre eux- mêmes, contre leurs père et mère ou proches parents » et de « ne pas suivre les passions, afin de ne pas dévier de la justice ». Les « Appels patriotiques » que nous produisons visent à contribuer modestement, à une prise de conscience des dangers des passions, à la sortie des croyants de cet égarement et à la fin de toutes les hypocrisies 6.

Le Président de la République et, tous les hauts commis de l’État qui en principe doivent être pour lui des conseillers sincères, doivent constamment s’évertuer à ne jamais causer un dommage à l’État, personne morale, et à leurs concitoyens. Ils n’ont pas le droit, d’être aveuglés par leurs intérêts personnels, par la passion ou la peur déraisonnée d’avoir à rendre compte avec un autre Chef de l’État élu de manière parfaitement démocratique, pour oublier les causes profondes de la crise casamançaise qui perdure et pour ne pas tirer les bonnes leçons de ce qui s’est produit ces dernières années dans de nombreux pays du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest (Tunisie, Libye, Algérie, Burkina Fasso, Mali, Soudan et Niger). Nul n’a le droit de penser naïvement que ces troubles ne peuvent pas se produire dans notre pays, pour ne pas faire preuve de prudence dans la gouvernance du pays notamment en ce qui concerne le respect des principes et des règles susmentionnés.

Le Président de la République et tous les hauts commis de l’État ne doivent pas perdre de vue que les opérations de maintien et de rétablissement de l’ordre ne peuvent être efficacement conduites, sans de nombreuses pertes en vie humaine, dans le respect des droits de l’homme, que face à un « peuple obéissant » parce qu’ayant la conscience de devoir se soumettre aux lois et règlements pour la préservation, « au bénéfice de tous », du bon ordre et de la paix, condition sine qua non du bonheur du peuple qui est l’objectif ultime d’un État crédible fonctionnant principalement sur la base de

l’égalité devant la loi de tous les citoyens, de l’égal accès aux prestations des Services publiques et du respect des autres règles et principes garantissant un bon fonctionnement de l’État.

C’est pourquoi, ceux qui ont l’honneur de gouverner, et qui ont tendance à oublier qu’ils sont des serviteurs du peuple, doivent éviter de poser des actes injustes, abusifs et motivés, non par le bien du pays, mais par des intérêts particuliers, notamment d’ordre politique. C’est ce qui leur permettra de ne pas pousser une partie du Peuple à sortir de sa « zone de consentement » et à se révolter contre l’arbitraire et les injustices de toutes sortes.

Le patriotisme et l’esprit démocratique du Président de la République sont les principaux garants de l’organisation d’une élection libre, honnête, transparente et paisible. Un regain de patriotisme et de justice de sa part, ferait enfin de l’affirmation qu’il avait faite le 28 mai 2019, lors de l’ouverture du dialogue national, relativement aux manœuvres frauduleuses (« ndiouth-ndiath ») une réalité, même si, le fait qu’un de ses conseillers ait eu à lui demander avec insistance d’abandonner les « peexe » et l’analyse des actes qu’il continue de poser, commande le renforcement de sa conscientisation en même temps que tous les acteurs du processus électoral.

C’est pourquoi nous appelons le Président de la République et tous ceux qui l’accompagnent à un sursaut de patriotisme et à un regain de retour vers Dieu, afin que chacun d’eux sache, que pour un vrai patriote qui est exclusivement motivé par la volonté de servir et non par le désir égoïste de se servir de l’État, le maintien du pouvoir ne vaut pas la commission de mauvaises œuvres, et que la construction du Sénégal est une œuvre sans fin, chaque Président de la République apportant sa pierre à l’édifice.

Le Président de la République actuel a fait ce qu’il a pu, et dans tous les cas, il a droit à la reconnaissance du peuple sénégalais pour toutes les choses positives qu’il a réalisées. Cependant lui et ceux qui l’accompagnent doivent, en vrais croyants reconnaitre honnêtement leurs faiblesses et leurs handicaps qui ont justifié des échecs et des mauvaises pratiques et ne pas se lancer dans des combines, des magouilles, des manipulations et de la délinquance informatique pour que le système actuel de mal gouvernance qu’il avait fustigé en 2011 puisse se perpétuer. Leur seule bonne et patriotique attitude doit être : laisser le peuple sénégalais, qui est suffisamment mûr et qui est le seul détenteur de la souveraineté, choisir librement le Chef qui va, de 2024 à 2029, le conduire vers des lendemains meilleurs avec un « Pouvoir judiciaire » qui doit enfin se battre pour retrouver toute son autorité et sa crédibilité.

  1. CE QUI EST ATTENDU DES ACTEURS DU POUVOIR JUDICIAIRE
Mesdames et messieurs les sept (7) sages

La lecture de la loi organique n°2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel, en ses articles premier et 2 relatifs aux compétences du Conseil constitutionnel et ses articles 18 à 22 relatifs notamment aux effets des décisions du Conseil, ainsi que la prise en compte de l’article 91 de la loi organique n°-2017-09-du-17.01.2017 sur la Cour Suprême, permet d’affirmer que même si vous et les magistrats du Corps judiciaire, notamment ceux de la Cour suprême êtes nommés par le Président de la République, vous êtes incontestablement les véritables gardiens de la Constitution. Et c’est ce qui donne tout son sens, sa pertinence et son caractère patriotique au « devoir d’ingratitude ».

Le devoir d’ingratitude a été théorisé par Messieurs Robert Badinter et Albert de Millogo qui ont été Présidents des Conseils constitutionnels de la France et du Burkina Fasso. Le 04 mars 1986 lors de son investiture à la tête du Conseil Constitutionnel français M. Robert Badinter a dit : « M. François Mitterrand, mon ami, merci de me nommer président du conseil constitutionnel, mais, sachez que dès cet instant, envers vous, j’ai un devoir d’ingratitude ». Albert de Millogo a dit : « Le devoir d’ingratitude envers les autorités de nomination, de mon point de vue, devrait être le propre de toutes les juridictions constitutionnelles. Elles ne doivent pas rendre des décisions pour plaire à qui que ce soit, mais uniquement dans le respect de la Loi fondamentale qu’est la Constitution. Celui qui n’observe pas ce devoir d’ingratitude ne rend pas service à l’autorité de nomination et ne rend pas service à son État. Parce que l’on est nommé pour être gardien de la Constitution et je crois que c’est la règle à laquelle moi, j’obéis en étant ici ».

Rendre service à Son État, c’est agir constamment en patriote et en croyant véridique appartenant à un Peuple dont la religiosité est constitutionnellement consacrée et accepter de manière inconditionnelle la primauté du bien de la Nation et de l’intérêt général du pays sur tous les intérêts particuliers y compris ceux du Président de la République qui est l’autorité de nomination. Rendre

service à l’autorité de nomination c’est d’être pour lui un conseiller sincère et lui dire toujours la vérité même si la « passion du pouvoir et des richesses dont l’acquisition est facilitée par le pouvoir » peut faire que cela ne lui plaise pas.

Mesdames et messieurs les sept (7) sages

Les membres du Pouvoir judiciaire doivent enfin s’ériger en sentinelles vigilantes pour être patriotiquement, des défenseurs de la vérité, de la justice et de la primauté des intérêts de l’État, totalement dissociés des intérêts du parti ou des partis politiques au pouvoir, ainsi que des correcteurs d’injustices causés notamment par l’État à des personnes physiques ou morales (entreprises, communauté ou organisations civiles). Ils doivent être des acteurs de premier plan de la bonne gouvernance, de la démocratie, du respect des droits de l’homme et de l’État de droit qui ne s’accommodent, ni avec l’impunité sélective des alliés du régime, qui est une injustice contre le peuple, ni avec les insuffisances criardes dans le traitement judiciaire de graves affaires, dans la lutte contre les accaparements, la corruption, le trafic des drogues, le blanchiment d’argent, la fabrication de faux billets de banque qui permettent à des sénégalais de s’enrichir illicitement et impunément de façon flagrante malgré les lourds préjudices directs et collatéraux qu’ils causent à leurs concitoyens et à l’économie nationale.

Le Pouvoir judicaire doit disposer d’une réelle indépendance par rapport aux deux autres pouvoirs, afin que nul ne puisse la détourner de sa seule soumission aux lois et règlements. C’est de cette indépendance, de son efficacité, de son impartialité et de sa célérité dans le traitement des dossiers que dépendent l’autorité et la crédibilité de l’État, avec une bonne administration de la justice, dans le respect strict de l’égalité devant la loi de tous les citoyens. Les impunités sélectives, les longues détentions préventives, les retours de parquet abusifs qui ne seraient pas prévus par la loi, les mises sous mandat de dépôt abusifs d’opposants, d’activistes et de lanceurs d’alerte par des procureurs de la République et certains juges, donnent l’impression que ces derniers sont exclusivement sous les ordres du « Pouvoir exécutif », alors que les hautes autorités du « Pouvoir judiciaire » devraient pouvoir influencer les poursuites et les ouvertures d’information judiciaire qui doivent être systématisées pour les disparitions de personnes, les homicides comme celles qui ont été commis au cours des manifestations de mars 2021 et de juin 2023, l’intervention de nervis illégalement armés dans des opérations de rétablissement de l’ordre au côté des forces de police et toutes les autres importantes affaires ou allégations. Le caractère abusif des mandats de dépôt qui contribue à la surpopulation des prisons, est prouvé par les très nombreux détenus qui sont libérés sans qu’une charge ait été retenue contre eux.

L’Inspection Générale des Cours et tribunaux (article 114 à 117 de la loi organique n° 2017-09 du 17 janvier 2017 sur la Cour suprême), les premiers présidents des cours d’appel, l’Inspection générale des parquets (article 118 à 121 de la même loi) et les procureurs généraux près les cours d’appel doivent amplifier leurs inspections et leurs contrôles en vue notamment de la prise de mesures pouvant permettre de minimiser les détentions préventives prolongées, donner des instructions en vue de mieux encadrer les mises sous mandat de dépôt en attendant l’institution d’un Juge des libertés et améliorer l’évaluation des performances des Cours, des Tribunaux et des Parquets.

Mesdames et messieurs les sept (7) sages

Pour conclure cet article qui est, avons-nous déjà dit, un élément de la modeste contribution à la conscientisation des hauts commis de l’État, nous tenons à affirmer que si tous les hauts responsables de l’État, se battent constamment contre eux-mêmes pour demeurer exemplaires, républicains, impartiaux et patriotes, ils peuvent contribuer efficacement à la sauvegarde du caractère républicain de l’Administration et des intérêts supérieurs de l’État, chaque fois qu’ils sont en conflit avec les intérêts particuliers de politiciens-gouvernants momentanément « égarés » par la passion du pouvoir et de l’argent.

Sans la complicité des hauts commis de l’État, rien ne peut être commis durablement en marge de la légalité. Il importe conséquemment que chacun d’eux, conscient de ses responsabilités, s’arme de courage, de patriotisme et d’une foi véridique, pour barrer la route à tous ceux qui veulent abuser du pouvoir ou la détourner pour la satisfaction d’intérêts personnels notamment politiques, ou pour la protection de criminels à col blanc, et pour rendre effectif ce retour à l’orthodoxie dans tous les Organes étatiques, avec un service rendu à l’État (personne morale) et non un service rendu à des

hommes politiques, ayant pour un temps (insignifiant dans la vie de la République), la charge de gouverner et qui ont d’ailleurs l’obligation de respecter scrupuleusement les lois et les règlements qui sont au-dessus de tout le monde.

La passion du pouvoir pouvant conduire à des drames, il appartient à tous les patriotes, aux membres de la société civile et aux responsables des principaux Organes de l’État de prendre position, chaque fois que de besoin, honnêtement et avec courage, afin que les politiciens qui s’opposent et ceux qui gouvernent le pays pour le temps d’un maximum constitutionnel de deux (2) mandats, ne déstabilisent pas notre pays. Cette attitude patriotique est, en ce moment, un impératif compte tenu des aspirations des peuples d’Afrique de l’Ouest et des égoïstes convoitises liées à la prochaine exploitation du gaz et du pétrole et que nourrissent des lobbies et des Etats qui veulent, avec la complicité de traitres nationaux7, perpétuer la domination et l’exploitation des pays africains.

NOTES :

1 : Expression qui peut être traduite par : Un adulte qui affirme qu’il l’avait dit, qu’il avait alerté ou conseillé est préférable à un adulte qui témoigne, après la survenance d’un mal ou d’un drame qui aurait pu être évité, qu’il le savait mais n’avait pas agi.

2:https://senego.com/video-mamadou-dia-a-senghor-je-pardonne-pour-larrestation-mais-je-ne-pardonnerai-jamais-pour-le-senegal- qui-regardez_447936.html / Même si la transcription est imparfaite, elle est fidèle aux propos tenus par le Président DIA.

3: Etude du Docteur Makhtar DIOUF sur les «mesures d’ajustement et leurs conséquences économiques et sociales», (page 73 (http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/045062.pdf)

4: Journal l’Observateur No 1868 du lundi 14 décembre 2009: «(…) à l’occasion de l’Assemblée générale constitutive de la convergence des cadres républicains (Ccr). Et l’occasion a été saisi par son secrétaire général, Macky Sall, pour dénoncer les dérives du régime libéral, en particulier ce qu’il appelle « l’agencialisation » qui, estime-t-il, « est devenue le moyen le plus approprié pour faire du transfert d’argent massif du Trésor public vers la présidence de la République ». « Ce qui fait, du coup, qu’il (cet argent) échappe à tout contrôle, qu’il s’agisse de la Cour des comptes, de l’Inspection générale d’État ou du Contrôle financier. Et pourtant, ce sont des milliards qui y sont transférés en longueur d’années », a-t-il ajouté »

5 : Code électoral de 1992 (Loi n°92-16 du 07 Février 1992 modifiée notamment par la Loi n° 97-15 du 08 septembre 1997) et de 2017 (loi n°2017/12 du 18 janvier 2017 modifiée)

6 : Voir l’article « Les hypocrites » disponible dans le Blog du site de l’Initiative Citoyenne Jog Ngir Senegaal (https://www.jogngirsenegal.sn), Page de Tabou. Vous trouverez aussi dans cette Page d’autres articles tels que « Les égarés », « La crise morale est une crise de leadership » ; « Loyauté et loyalisme » ; « Pour un changement de mentalité des leaders étatiques » et

« Les péchés contre les personnes morales ».

7: « traîtres et d’imbéciles ». Note No 3 (page 52) de la contribution de M. Makhily Gassama (« Le piège infernal ») à l’ouvrage collectif qu’il a dirigé « L’Afrique répond à Sarkozy contre le discours de Dakar ». « Toute action d’envergure, de domination d’une puissance étrangère ou d’un groupe d’intérêt s’appuie nécessairement sur la traitrise des éléments appartenant aux populations autochtones. Comme dit le poète Senghor dans un autre contexte, « (…) il faut qu’il y ait des traitres et des imbéciles. », (poèmes Prière de paix, in Poèmes, Seuil

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