Le récent abaissement de la note souveraine du Sénégal par Moody’s, passant de Ba3 à B1, met en lumière la gravité des déséquilibres macroéconomiques du pays hérité du régime « Benno Tass Yaakaar ». Ce déclassement résulte principalement de l’augmentation rapide de la dette publique sous l’ancien régime, qui avait masqué l’ampleur réelle du déficit budgétaire. En effet, le taux d’endettement, annoncé à 65,9 % du PIB en moyenne entre 2019 et 2023, s’est avéré en réalité bien supérieur, atteignant 83,7 % en fin 2023. Cette falsification des données a considérablement détérioré la confiance des créanciers internationaux et souligné l’urgence d’une réforme profonde.
Le régime Diomaye-Sonko, en adoptant une approche de transparence et de rigueur budgétaire, cherche à restaurer la crédibilité financière du pays. La mise en place d’audits externes et la publication régulière des comptes publics visent à corriger les pratiques opaques du passé. Cependant, ces efforts nécessiteront du temps et des ressources considérables. Dans ce contexte, la suspension du service de la dette pour une durée d’au moins trois ans, via des mécanismes comme l’Initiative de Suspension du Service de la Dette (DSSI), apparaît indispensable pour donner au Sénégal la marge budgétaire nécessaire à la mise en œuvre de ces réformes structurelles.
Les théories économiques de la gouvernance adaptative suggèrent que la transparence dans la gestion des finances publiques peut améliorer la crédibilité d’un État auprès des créanciers, tout en renforçant sa capacité à mobiliser des ressources internes. Le Sénégal, sous le régime Diomaye-Sonko, mise donc sur cette approche pour reconstruire la réputation financière du pays. La Vision Sénégal 2050 repose sur des piliers tels que la compétitivité économique, la décentralisation, la diversification des sources de financement et une meilleure gestion de la dette. Ces réformes visent à équilibrer l’économie tout en augmentant la résilience du pays face aux chocs extérieurs.
La suspension du service de la dette ne doit pas être vue comme une mesure purement technique, mais comme une condition essentielle pour garantir que les réformes engagées puissent être mises en œuvre sans compromettre la stabilité macroéconomique. En libérant des ressources budgétaires, cette suspension permettrait de renforcer l’investissement dans les infrastructures productives, les services publics et le capital humain. Cela est d’autant plus crucial que les réformes fiscales prévues, notamment l’élargissement de l’assiette fiscale et la lutte contre l’évasion fiscale, nécessiteront du temps avant de produire des effets concrets.
Une majorité parlementaire pour le régime Diomaye-Sonko lors des élections législatives de novembre 2024 est donc indispensable pour accélérer la mise en œuvre de ces réformes. La gestion prudente des finances publiques, combinée à une gouvernance décentralisée et inclusive, permettra d’éviter les blocages institutionnels et de garantir la cohérence des politiques publiques. La théorie de la gouvernance en réseau souligne l’importance d’une synergie entre les acteurs institutionnels pour mener à bien les réformes économiques et sociales. Un soutien parlementaire fort facilitera l’adoption rapide des lois et des mesures nécessaires pour redresser l’économie.
La modernisation des systèmes de gouvernance, avec une digitalisation accrue des processus budgétaires et financiers, est également au cœur des priorités du nouveau régime. En intégrant des outils technologiques dans la gestion des finances publiques, le gouvernement sénégalais vise à améliorer l’efficacité des dépenses et à réduire les risques de corruption. Cela s’accompagne d’une coopération renforcée avec les partenaires internationaux tels que l’USAID, l’UE, les Agences des NU, le GIZ, la Banque mondiale et le FMI, qui offrent une expertise précieuse pour assurer le suivi et l’évaluation des réformes en cours.
La décentralisation, un des piliers de la Vision Sénégal 2050, permet de mieux répondre aux besoins locaux tout en stimulant la compétitivité régionale. En conférant plus de pouvoir aux collectivités territoriales, le gouvernement vise à réduire les disparités géographiques et à favoriser une croissance plus inclusive. Les pôles de développement régionaux, soutenus par une fiscalité locale renforcée, peuvent ainsi jouer un rôle clé dans la relance économique du Sénégal, en améliorant l’allocation des ressources et en responsabilisant les acteurs locaux.
La communauté internationale, à travers les institutions multilatérales et bilatérales, a un rôle crucial à jouer dans l’accompagnement du Sénégal vers une stabilité économique durable. La mise en œuvre des réformes dépendra largement du soutien technique et financier de ces partenaires, notamment pour la gestion de la dette et la restructuration budgétaire. Le dialogue permanent entre le gouvernement et ces institutions garantira un suivi rigoureux des engagements pris par le Sénégal dans le cadre de la Vision 2050.
En somme, le reclassement de la note du Sénégal par Moody’s illustre la nécessité d’une transformation profonde de la gestion des finances publiques. Le régime Diomaye-Sonko, par sa transparence et sa rigueur, est sur la bonne voie pour restaurer la confiance des créanciers. Cependant, la suspension du service de la dette et une majorité parlementaire solide en novembre 2024 sont des conditions sine qua non pour garantir la mise en œuvre des réformes nécessaires à un redressement durable de l’économie sénégalaise.
Dr. Abdourahmane Ba
Ingénieur statisticien, Docteur en Management
Président du mouvement ESSOR
Engagement Solidaire pour un Sénégal Organisé et Résilient
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