Ce gouvernement à slogans n’y changera rien : terminez votre second et dernier mandat, et rendez-nous notre pays dans la paix !

30 octobre 2023 | 0 commentaires

« Président-politicien, terminez votre second et dernier mandat, et rendez-nous notre pays dans la paix ! »

Avant le 19 mars 2000, et même quelques années après l’avènement de Me Wade au pouvoir, vous n’auriez sans doute jamais cru que, le 25 mars 2012, 58% des Sénégalaises et des Sénégalais allaient décider, par leurs suffrages, de faire de vous son successeur. Trois ans auparavant, vous avez fait le tour de tout le Sénégal pour vous faire une idée exacte de comment vivaient nos compatriotes. Du moins, c’est ce que vous déclariez tout autour de vous. Pendant ce temps, vous nous avez tout promis, vous avez pris les engagements les plus solennels, et nous vous avons fait confiance, en vous portant à la tête de notre pays. Vous avez été officiellement installé le 2 avril 2012 et avez prêtez serment. Un serment dont, apparemment, vous ne mesuriez pas le poids.

Une fois au pouvoir, vous avez pratiquement tout renié. Contrairement à l’un de vos nombreux engagements, vos ministres se bousculent dans la salle où ils se réunissent tous les mercredis, comme du temps de votre prédécesseur. Comme lui, vous ne connaissez pas le nombre de vos ministres, de vos ministres-conseillers, de vos conseillers et conseillers-spéciaux, de vos chargés de missions, de vos ambassadeurs « itinérants », etc. Votre gouvernance est loin, très loin d’être transparente, sobre et vertueuse. La patrie –  que j’écris à dessein avec un  p minuscule – traîne loin, très loin derrière votre parti, votre famille et votre coalition. Vous nourrissez et entretenez au quotidien et au grand jour, la corruption et les détournements de deniers publics contre lesquels vous nous promettiez pourtant de mener une lutte sans merci.

Dès le début de votre gouvernance, vous avez créé, avec beaucoup de tintamarre trompeur, l’Office national de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) et exhumé la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI). On connaît la suite : l’OFNAC a déposé sur la table de votre procureur de la République plus de trente (30) dossiers mettant gravement en cause des hommes et des femmes qui gravitent autour de vous. Depuis 2016, aucun de ces dossiers n’a été traité. En tout cas pas à ma connaissance, comme à celle de l’écrasante majorité des Sénégalaises et des Sénégalais. Vous vous êtes même permis, avec votre ancien Premier ministre Abdallah Boune Dione, de défendre publiquement un des délinquants présumé, qui était et est encore un de vos proches, avec des arguments terre-à-terre et parfois mensongers. Vingt-deux (22) des vingt-cinq (25) de la liste des présumés délinquants dressée par la CREI, après une enquête approfondie, font partie de vos plus proches collaborateurs et exercent des fonctions importantes. Tout ce beau monde continue, sans aucun doute, de piller impunément nos maigres deniers. Il faut quand même rappeler que l’impunité, l’impunité totale, est consubstantielle à votre gouvernance meurtrie. Impunité qui ne choque plus personne, ni même cette société dite civile, dont je n’entends aucun membre la dénoncer.

Rappelons quand même, président-politicien, puisque nous Sénégalaises et Sénégalais avons cette fâcheuse habitude d’oublier vite, très vite, rappelons quelques-uns de vos engagements lors de votre premier message à la Nation, le 3 avril 2012 : « S’agissant de la gouvernance économique, je serai toujours guidé par le souci de transparence et de responsabilité dans la gestion vertueuse des affaires publiques.

Je mets à ma charge l’obligation de dresser les comptes de la Nation et d’éclairer l’opinion sur l’état des lieux. Je compte restituer aux organes de vérification et de contrôle de l’Etat la plénitude de leurs attributions. Dans le même sens, l’assainissement de l’environnement des affaires et la lutte contre la corruption et la concussion me tiennent particulièrement à cœur.

Á tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers public, je tiens à préciser que je ne protègerai personne. Je dis bien personne ! » Oui, c’est bien vous qui aviez pris ces engagements formels, devant toute la Nation. Arrêtons-nous sur celui à « restituer aux organes de vérification et de contrôle de l’État la plénitude de leurs attributions ».

J’ai rappelé le sort, le triste sort réservé aux plus de trente dossiers de l’OFNAC qui dorment d’un sommeil profond sur la table du Procureur de la République. On n’oublie pas, en particulier, l’antipathie que vous auriez eu à l’endroit de la première présidente de l’Office. Celle-ci avait commencé à faire un excellent travail et dès, disait-on, que vous vous êtes rendu compte que des dossiers en cours concernaient deux ou trois de vos proches, elle a commencé à connaître de grosses difficultés . Finalement, comprenant que la présidente refusait carrément d’être influencée dans son travail, et dans quelque sens que ce soit, vous la relevez de ses fonctions dès la fin de son premier mandat, le 25 juillet 2016. Du moins, c’est l’opinion que beaucoup de gens se faisaient de ce « remerciement ». Quelle manière de « restituer aux organes de vérification et de contrôle de l’État la plénitude de leurs attributions » !

Ce  n’est pas tout : des dizaines et des dizaines de rapports de l’Inspection générale d’État (IGE), de la Cour des Comptes, de l’Autorité de Régulation des Marchés publics (aujourd’hui Autorité de Régulation de la Commande publique), de l’Inspection générale des Finances (IGF), etc., s’accumulent sur votre bureau. Des rapports dont vous avez osé déclarer publiquement et sans état d’âme, avoir posé le coude dessus, sinon beaucoup des mis en cause iraient en prison. N’oublions pas de signaler aussi que vous avez chassé l’Inspection générale d’État de la présidence de la République, pour faire place à vos nombreux ministres-conseillers, conseillers-spéciaux, conseillers, etc. Quelle manière de restituer à l’IGE la plénitude de ses attributions ! De ses attributions qui restent les mêmes : aller inspecter, sur ordre, un ministère, une direction, un projet, une agence et vous remettre sagement le rapport, par l’intermédiaire du Vérificateur général. Je me souviens aussi, qu’en juillet 2013, lors d’une visite au Burkina Faso, vous avez reçu la communauté sénégalaise établie dans ce pays et vantiez (déjà) devant elle votre bilan. Un journaliste présent vous fit alors la remarque suivante, une remarque pertinente :

« Donc, des infrastructures, vous en réalisez, Monsieur le président de la République. Mais le tout n’est pas d’en construire. Il faut aussi tenir compte de leur pertinence et de leur coût. De ce double point de vue, vos infrastructures soulèvent beaucoup de questions ». Vous répondîtes alors : « Ma première mission n’est pas de construire des routes, autoroutes et ponts, mais de reconstruire l’État de droit. Or l’État de droit, on va l’apprécier de façon immatérielle. L’État de droit, ce sont des valeurs, des principes ; c’est l’égalité des citoyens devant la loi, la lutte farouche contre la corruption. »

« L’État de droit, ce sont des valeurs, des principes ; c’est l’égalité des citoyens devant la loi, la lutte farouche contre la corruption ». C’est bien vous, président-politicien, qui avez fait cette déclaration. Je ne la commente vraiment pas. J’en laisse le soin aux lecteurs qui ont du temps à perdre.

Président-politicien, vous bénéficiez d’une chance inouïe, celle de régner – c’est le mot qu’il faut  – sur un peuple comme celui du Sénégal, qui ne se pose pas beaucoup de questions et passe souvent, indifférent, à côté d’événements méritant pourtant de retenir l’attention. Votre « achat à crédit » d’une luxueuse  villa à Houston et votre curieux voyage à Eswatini sont de ces événements.

La présence de cette villa dans votre patrimoine de candidat à la présidentielle de février 2012, n’avait pas manqué de soulever des questions, quelque temps après que vous avez été élu. Vos courtisans avaient alors essayé de la justifier en prétendant qu’il l’avez achetée à crédit. Houston, il faut quand même le préciser, c’est une grande ville dans le grand État du Texas, au Sud des États-Unis. Faire plus de sept mille (7000) kilomètres au-dessus de l’Atlantique entre Dakar et New York ! Prendre ensuite un ou deux avions pour se rendre à Houston ! Tout cela pour acheter une villa à crédit, alors qu’on aurait pu l’acheter plus près de nous à Paris, à Bordeaux, à Nantes, à Londres, à Berlin ou à Madrid ! Pourquoi pas à Saly Portudal, à la Somone, à Toubab Djalaw ou dans les vertes et belles îles du Saloum ? Qui va croire à cette histoire ? En tout cas moi, je n’y crois pas du tout.

Rappelons quand même que vous avez été conseiller spécial du président Wade chargé des Mines et de l’Énergie, Directeur général de PÉTROSEN, Ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique. Vous auriez travaillé, en tant qu’expert consultant, avec Forteza international, entreprise dont le siège est justement à Houston. C’est cette entreprise qui exploite le gaz de Ngadiaga. Ce serait vous, en tant que Directeur général de PÉTROSEN ou Ministre des Mines et de l’Énergie, en tout cas l’un des deux, qui auriez signé à Forteza le contrat qui lui permet d’exploiter le gaz de Ngadiaga. Qui peut nous empêcher de penser raisonnablement, de penser seulement, que c’est Forteza international qui vous aurait offert la fameuse villa ? Dommage que nous ne comptions pas beaucoup de journalistes d’investigations au Sénégal !

L’autre événement, c’est votre curieux voyage  en Eswatini (ancien Swaziland) en juillet 2018 et de celui du roi de ce pays à Dakar, du 4 au 6 juillet 2019. Un communiqué de la Présidence de la République nous apprenait alors que ce séjour de Sa Majesté Mswati III s’inscrivait dans le cadre de votre volonté, à vous deux, de « raffermir davantage les excellentes relations d’amitié et de coopération entre la République du Sénégal et le royaume de l’Eswatini ». Et le communiqué de poursuivre que vous aurez à échanger avec Sa Majesté Mswati III «sur des sujets d’intérêt commun au plan bilatéral».

Le communiqué nous apprend aussi que ces sujets ont certainement été abordés lors de votre visite dans ce royaume en juillet 2018. En effet, après votre séjour à Johannesburg, en Afrique du Sud, où vous avez participé au Sommet des pays membres du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) en tant que Président du Comité d’orientation des chefs d’État et de gouvernement du Nouveau partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), vous êtes allé rendre visite au souverain avec qui vous avez discuté des perspectives de coopération bilatérale entre leurs deux pays.

Président-politicien, vous avez beau nous prendre pour des moins que rien, mais vous ne pouvez pas nous empêcher de nous poser cette question : « Quelles perspectives de coopération avec cette monarchie absolue, la dernière d’Afrique, ce pays pauvre dépendant, sur le plan économique, presque totalement de la République d’Afrique du Sud, avec un roi marié à 14 épouses et régnant en maître absolu depuis de longues années ans ? ». Ce voyage, nous l’aurions compris au Botswana, en Tanzanie ou à la rigueur au Malawi. Mais en Eswatini, il pose sérieusement problème. En République d’Afrique du Sud à côté, on soupçonnait l’ancien président Jacob Zuma, accusé de corruption et en jugement devant les tribunaux du pays, d’avoir planqué de l’argent dans les banques de ce pays. Je ne vous accuserai pas du même forfait, n’en ayant aucune preuve, mais je me pose la question de savoir ce que vous alliez faire dans ce petit royaume, faisant partie des trois derniers pays du monde les plus pauvres, et qui est considéré de plus en plus comme un paradis fiscal.

Nous nous posons de nombreuses autres questions sur votre gouvernance qui est à mille lieues de celle que vous nous aviez promise, et pour laquelle nous vous avions accordé 65% de nos suffrages le 25 mars 2012. Je ne veux pas aller plus loin dans ce texte qui est déjà long. Dans une toute prochaine contribution, je m’arrêterai sur une question qui cacherait l’un des plus gros scandales, peut-être le plus gros, de mon point de vue, de votre gouvernance qui nous empeste l’existence depuis le 2 avril 2012. J’interpellerai alors certains hommes comme certaines femmes qui, par leurs fonctions, pourront installer notre pays dans la paix, la stabilité ou, au contraire, dans le chaos total. Tout dépendra du choix qu’ils feront entre les intérêts d’un homme, et peut-être des leurs propres, et ceux des dix-sept (17) ou dix-huit (18) millions de Sénégalaises et de Sénégalais.


Dès après la nomination du Premier ministre et en attendant la formation du gouvernement, des débats nourris furent organisés sur pratiquement tous les plateaux de télévisions autour de la personne du tout nouveau promu. Il est partout présenté comme une personne compétente, expérimentée, un homme de dialogue et de consensus. Oui, l’homme est compétent, expérimenté et personne ne le conteste. C’est un homme de dialogue et de consensus. Peut-être. Mais l’homme n’est-il que cela ? Quand on écoute les témoignages élogieux des uns et des autres, on a l’impression qu’il venait de tomber du ciel. Amadou Ba – c’est de lui qu’il s’agit  – n’est quand même pas seulement que cela. Am na ay jaarjaar. Il a un cursus, il a un parcours. Il a été notamment Directeur général des Impôts et Domaines (DGID) de 2006 à 2013, puis Ministre de l’Économie et des Finances de 2013 à 2020.

Pendant la première période de sept longues années, nos maigres réserves foncières ont été carrément dilapidées et sa responsabilité, comme DGID, était alors largement engagée. Je renvoie le lecteur au Rapport public de la Cour des Comptes de l’année 2014 (pp. 92-102) et au Rapport public sur l’état de la Gouvernance et de la Reddition des Comptes de l’Inspection générale d’État (IGE), juillet 2014 (pp.76-81). J’ai exploité ces rapports, avec d’autres, dans au moins trois de mes contributions :

1). « Cession des terres de Dakar-Yoff : notre président homme d’affaires n’en est pas à son coup d’essai » (Sud quotidien du 24 et s du 25 août 2009)

2). « L’acquisition du Domaine du Général Chevance Bertin à Bambilor par l’État -Wade : une vaste escroquerie » (WalfQuotidien, L’Exclusif du 4 et Le Témoin du 10 décembre 2018)

3). « Monsieur Mbackiou, Faye, Me Boubacar Cissé : un peu de respect pour les résidents de la Cité Mamelles-Renaissance ! » (WalfQuotidien, Dakar-Times, Le Témoin, Enquête du 2 septembre 2022)

Le lecteur peut se reporter aussi à de nombreux sites qui ont publié ces contributions. Il se fera certainement une autre idée de l’homme, de ce Premier ministre qu’on veut nous présenter comment venant de descendre du ciel et tout blanc. Je m’arrête un peu sur l’opération foncière consistant en l’acquisition par l’État Wade des terres du Général Chevance Bertin à Bambilor. Le prétexte, le motif alors déclaré par le vieux président politicien était de « sécuriser les villages situés à l’intérieur de ces terres ». L’IGE constate, au contraire, que « l’opération comporte, sur un fond de détournement d’objectif, des manœuvres manifestes de contournement de la loi ». En réalité, poursuit l’IGE (rapport de juillet 2014 page 76), « la manière dont l’opération a été menée a révélé que l’objectif ainsi déclaré n’était qu’un prétexte et que le soubassement véritable était un projet planifié d’enrichissement de particuliers ». Ce détournement honteux d’objectif a été à la base de nombre d’opérations foncières qui ont lieu pendant l’infecte gouvernance du vieux président-politicien et de son successeur et sosie[[1]]url:#_ftn1 .

Je vais être plus concret, en me portant sur le Rapport public de la Cour des Comptes de la même année, 2014 (pp. 96 et 97). Pour disposer d’un supplément d’assiette foncière de 100 hectares, constate la Cour, « le Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, par correspondance n° 166/CDC/DG/DESF du 18 mars 2010, a saisi le DGID. Ce dernier, par lettre n° 138/DGID/CT2 du 2 avril 2010, n’a pas donné une suite favorable à la requête, en avançant un problème de disponibilités foncières dans la zone ». « Or, poursuivent les contrôleurs de la Cour des Comptes, l’État du Sénégal, représenté par le Conservateur de Rufisque, par acte administratif du 26 mars 2010, soit postérieurement à la lettre de la CDC, a cédé sur le même site, un terrain nu de 175 ha 05 ares 18 ca, au prix de 1000 francs FCFA/m2, soit 1,75 milliards FCFA à M. Ndiègne Fall ». Ce n’est pas tout : le très privilégié Ndiègne Fall « a revendu un lot de 100 hectares à la CDC au prix de 6000 francs FCFA/m2, soit 6 milliards FCFA ». Avec cette vente donc, poursuit la Cour, « M. FALL a gagné 5 milliards FCFA, et aucun justificatif n’a été reçu sur la perception de la taxe sur la plus-value immobilière ».

Je n’ai rien inventé. Je n’oserais pas d’ailleurs car, je me ferais rapidement convoquer, moi Mody Niang, membre de la famille des Kumba amulndey. Ce n’est pas tout d’ailleurs et nous ne sommes pas encore arrivés au bout de nos peines. La Cour constate encore, en effet, « que l’autorisation de cession, approuvée le 25 août 2010 par le Ministre délégué auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan chargé du Budget, est intervenue alors que la mutation du terrain n’était pas encore effective comme en atteste l’acte de vente ». Donc, au moment de revendre le terrain à la CDC, le très « honorable » Ndiègne FALL « ne s’était pas encore acquitté du coût d’acquisition auprès des services de la DGID, puisque la quittance, objet du règlement de la cession définitive, est datée du 27 août 2010 ». Je crois que le lecteur a bien compris : au moment où il vendait le terrain et empochait un bénéfice de 5 milliards, il n’était encore titulaire de rien, d’aucune propriété, puisqu’il ne s’était pas encore acquitté du coût d’acquisition auprès des services habilités.

Enfin, il y a plus grave encore. Tout est grave d’ailleurs, très grave. Pour nous en convaincre, revenons au rapport de l’IGE qui révèle que, dans le dossier des terrains de Bambilor, « toutes les recettes fiscales n’ont pas été perçues sur les importantes transactions immobilières qui ont été réalisées ». Dans ces opérations, précise l’IGE, « l’État a perdu, au total, hors toutes pénalités, amendes et intérêts de retard, la somme de trente milliards cinq cent trente-trois millions quatre cent cinquante-six mille (30.533.456.000) francs FCFA ». Cette énorme somme a été répartie à la page 79. Si on y ajoutait les pénalités, amendes et autres intérêts de retard, on serait à plus quarante milliards de francs FCFA de recettes fiscales perdues ainsi facilement par l’État au profit de sombres individus.

Aucun des responsables de ces opérations frauduleuses, gravement frauduleuses, n’a été inquiété : ni le vieux président, le premier responsable, ni le Ministre délégué auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan d’alors, ni Mamour Diallo, ni Amadou Ba, alors Directeur des Domaines de Rufisque l’un, et DGID l’autre.

Tous les projets immobiliers connus au Sénégal depuis le 1er avril 2000, notamment ceux des Mamelles et des Almadines, ont été entachés des mêmes graves scandales restés carrément impunis. Et celui que l’on nous présente aujourd’hui comme descendu du ciel et blanc comme neige, le tout nouveau Premier ministre, était quand même, par les fonctions qu’il occupait alors, au cœur de ces scandales. Je ne crois pas qu’il serait aujourd’hui Premier Ministre, ni Ministre de l’Économie et des Finances puis des Affaires étrangères avant, si les sept ans pendant lesquels il a été Directeur général des Impôts et Domaines avaient fait l’objet d’un audit indépendant suivi d’effets, s’il y a lieu. Je ne le crois pas du tout avec son nom cité dans quelques autres affaires dont au moins l’une peut être considérée comme nébuleuse. Il s’agit de ce prêt de près de huit milliards de francs FCFA d’une certaine Banque Of Africa, qui exigerait son dû à deux personnes : Amadou Ba et P. A. G. aujourd’hui décédé. Le texte d’où j’ai tiré cette information est rédigé par Dakar Poste le mardi 27 décembre 2016. L’information est-elle vraiment fondée ? Je n’en sais rien. Je la livre comme je l’ai lue. Je crois quand même que ce site ne prendrait pas autant de risques en ne fondation sa révélation sur aucune source sérieuse. En tout cas, M. Ba était alors Ministre de l’Économie et des Finances. Qu’avait-il alors à voir avec ce prêt nébuleux, si l’information est fondée ?

Il est quand même aujourd’hui Premier ministre et pourrait être demain candidat de Bennoo Bokk Yaakaar à l’élection présidentielle de février 2024. Sait-on jamais ? Nous avons donc le droit de savoir d’ores et déjà qui il est en réalité. Pour en terminer avec lui, je fais état d’une lettre qui lui serait adressée par un de ses collègues le 21 mai 2012. Le collègue, Allé SINE, était en service à la DGID. La lettre était en circulation au niveau du service et même hors de celui-ci et je suis tombé dessus par hasard. J’ai posé des questions à des collègues à eux qui m’ont confirmé l’existence de la lettre. Dans la lettre, M. SINE menaçait de faire des révélations sur un énorme patrimoine composé de « biens acquis illicitement ou frauduleusement (par faux et usage de faux) aussi bien sur le territoire national qu’à l’étranger et que les investigations menées par (ses) amis et collègues ont permis d’identifier et de localiser avec preuves et documents à l’appui ». Et il en a cité quelques exemples, quelques gros exemples et n’a pas dit textuellement que cet immense patrimoine appartenait à Massamba ou à Mademba. Il ne l’a pas dit waaye yaq na xel.

Je précise bien, moi membre de la famille des Kumba amulndey, que je n’affirme point que la lettre existe et est bien de M. Allé SINE. Je n’affirme pas, non plus, que les informations qu’on y lit sont fondées, ni que l’immense patrimoine dévoilé est attribué à qui on pourrait penser. Ce que je sais, c’est que des compatriotes crédibles m’ont affirmé que la lettre existe bel et bien. On avance aussi çà et là que si, par extraordinaire, le président-politicien était finalement convaincu par M. Amadou Ba et en faisait le candidat de Bennoo Bokk Yaakaar, il n’aurait pas le courage de déclarer tout son patrimoine.

Après ce bref tour d’horizon autour de celui qui est désormais le Premier ministre du président-politicien, je reviens sur ce dernier. En conclusion de mon avant-dernière contribution qui avait pour titre « Président-politicien, terminez votre second et dernier mandat et rendez-nous notre pays dans la paix ! » et qui avait été publiée par WalfQuotidien, Dakar-Times, L’Exclusif et Kritik du 12 septembre 2022, j’annonçais que je m’arrêterais sur un des gros scandales qui jalonnent sa gouvernance meurtrie. Ce scandale, deux compatriotes, Papa Diop et Clédor Sène l’ont dénoncé avant moi, même si le premier s’est empressé de retourner piteusement sa veste après les législatives du 31 juillet 2022. Il s’agit de l’affaire gravissime qui a opposé Arcelor Mittal à l’État du Sénégal. L’entreprise avait décroché un contrat d’exploitation des mines de fer de la Falémé (750 millions de tonnes) et s’était engagé à investir des milliers de milliards de dollars au Sénégal. L’entreprise renia par la suite, sans explications, son engagement. Alors, Abdoulaye Wade, Président de la République, saisit le Tribunal arbitral de Paris, qui donne raison au Sénégal qui réclamait 5 millions de dollars, soit 2500 milliards de francs FCFA. Le président Wade réclamait même plus et, en première instance, 2500 milliards de francs FCFA ont été attribués au Sénégal. L’entreprise indo-britannique aurait certainement interjeté appel mais les experts estimaient qu’elle ne pourrait pas payer moins de 2000 milliards de FCFA au Sénégal. Entre-temps, Macky Sall accède à la magistrature suprême et, contre toute attente, va renégocier avec Arcelor Mittal qui n’attribue finalement que 75 milliards de francs FCFA à notre pauvre pays, versés dans le compte personnel de son avocat. Ce texte est déjà long et je renvoie le lecteur à Google. Il lui suffit de taper sur « Affaire Arcelor Mittal : la ‘’Lettre du Continent’’ fait des révélations renversantes : l’argent de l’État du Sénégal versé dans le compte personnel de l’avocat de Macky Sall. »

Celui ou celle qui lit ce texte – il y a d’autres d’ailleurs – sera vraiment ébahi(e) et se posera beaucoup de questions. Quelle mouche a-t-elle piqué le président-politicien pour qu’il fût amené, contre toute attente et en violation flagrante des lois nationales comme internationales, à  aller renégocier avec Arcelor Mittal ? Pourquoi cet empressement ? Avait-il déjà besoin de beaucoup de milliards pour préparer sa réélection ? Personne ne saura vraiment, en tout cas tant qu’il est président de la République. En tout cas j’incite mes compatriotes à lire les révélations de La Lettre du Continent. Ils seront sûrement indignés et se prépareront à le faire quitter le pouvoir au plus tard en mars 2024, lui et toutes les femmes et tous les hommes qui l’entourent. Ce doit être à notre portée, si on tient seulement compte de l’impunité insoutenable qu’il entretient sans état d’âme et qui a permis à sa famille, à son parti et à sa coalition de piller nos différentes maigres ressources. Ce sera facile puisque lui-même a décidé, en modifiant la Constitution par voie de référendum, que désormais plus personne ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs au Sénégal.  Il insiste, sans que personne ne lui ait mis du sucre dans la bouche, que c’en est terminé pour plus deux mandats consécutifs au Sénégal. Et il l’a répété partout au Sénégal et hors du Sénégal : à RFI, à France 24, à TV5 Monde, au quotidien français Le Monde, etc. Il l’a dit, l’a redit et écrit à la conclusion de son livre Le Sénégal au cœur. Ses plus proches collaborateurs l’ont vigoureusement appuyé :Ismaïla Madior Fall, Aminata Touré, Oumar Youm, Mohamed Boun Abdallah Dione, Me Ousmane Sèye, Seydou Guèye et de nombreux autres. Le VAR est là pour tout prouver.

Si, malgré tout cela, il osait nous regarder les yeux dans les yeux pour solliciter un troisième mandat, il pourrait mettre le pays à feux et à sang. En ce moment-là, les forces de sécurité et de défense mettront-elles en place leurs chars, blindés et autres véhicules déversant de l’eau chaude sur les manifestants ? Armeront-elles leurs policiers, gendarmes et militaires pour nous l’imposer, alors qu’elles savent parfaitement qui il est et ce qu’il fait depuis le 2 avril 2012 ? Les autorités administratives seront-elles prêtes à interdire toutes nos manifestations ? Les magistrats seront-ils, eux aussi, prompts à mettre sous mandat de dépôt  tous les manifestants qui leur seront livrés par les forces de défense et de sécurité ? C’est vrai que, avec Macky Sall comme président de la République, ils ont beaucoup de privilèges. Cependant, ces privilèges, pour importants qu’ils soient, justifieront-ils qu’ils nous imposent, pour cinq longues années encore, ce président-politicien qui nous en a fait voir de toutes les couleurs en matière de mal gouvernance ; ce président-politicien dont la parole ne vaut plus un kopeck ? Ils feraient un énorme tort à notre pays et prendraient la lourde responsabilité de le plonger dans une instabilité dont nul ne sait où elle va nous mener et pendant combien de temps.

Pour terminer, le lecteur remarquera que je n’ai pas fait cas ici du Conseil constitutionnel. En réalité, je n’ose pas exprimer ici ce que je pense de cette institution et de ses membres. Ce n’est pas de la peur ou de la lâcheté : c’est de la sagesse. Il fait très chaud à Reubeuss parles temps qui courent, et il suffit de très peu pour qu’un membre de la famille des Kumba amulndey y soit envoyé sans état d’âme.
Dakar, le 22 septembre 2022
Mody Niang

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