J’ai honte et  j’ai peur pour mon pays !

5 février 2024 | 0 commentaires

J’ai honte d’avoir un Président de la République (PR) qui a hérité d’un pays qui était un exemple en matière de démocratie et de respect des droits de l’homme et qui en a fait la risée de tous les citoyens africains en général et ouest africains en particulier.

J’ai honte de vivre dans un pays jadis exemplaire et dont le PR, au travers de son Ministre des Affaires étrangères s’était opposé à l’initiative ouest-africaine de limitation des mandats présidentiels, au travers de « l’amendement du Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance, additionnel au Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et la sécurité. » Cette position blâmable est l’expression d’une volonté de remise en cause de cette limitation actuellement inscrite dans la Constitution.

J’ai honte de constater qu’il y a des responsables des Forces de défense et de sécurité ainsi que du Service de Renseignement national qui font preuve dans cette affaire du 03 février 2024, non de loyauté vis-à-vis du « Peuple souverain », mais de ce loyalisme détestable qui est le fait de tous ceux qui (civils, militaires ou policiers) qui, ne se souciant pas du légal, du juste et du vrai, sont prêts à soutenir l’autorité  (ici le PR) dans ses injustices, ses iniquités, ses méchancetés, ses malversations et ses entorses à la primauté de l’intérêt général, en totale porte-à-faux avec la Constitution, les lois, les règlements et les principes moraux commandés par le bien. A ces camarades je voudrais dire que, si le PR ne revient pas rapidement sur sa révoltante décision, l’histoire retiendra que ce sont eux qui ont permis à un « Coup d’État constitutionnel » de se produire au Sénégal soixante-quatre (64) ans après l’indépendance.

 J’ai honte de constater que face à de nombreuses injustices, les principaux guides religieux se taisent, certains parmi eux allant même jusqu’à tresser des lauriers au PR, alors que sa gouvernance a été depuis 2012 jalonnée de partialités, d’accaparements, de protection de personnes épinglées par les Corps de contrôle pour des crimes économiques, de politisation de l’administration, d’emprisonnements arbitraires d’opposants, d’activistes et de lanceurs d’alerte, d’emploi de nervis armés, de disparitions et d’homicides non élucidés.

 J’ai honte d’avoir dans notre pays des guides religieux qui ont abandonné le chemin qui était suivi par les saints fondateurs des confréries et des familles musulmanes et qui sont excessivement tournés vers les plaisirs, les richesses matérielles, l’ostentation, captant injustement d’importantes ressources financières de l’État qui auraient dû aller vers les populations les plus vulnérables pour satisfaire leurs besoins primaires (alimentation et fourniture d’eau, d’électricité, de soins de santé, d’alphabétisation et d’éducation).

 J’ai honte de vivre dans un pays où le « Pouvoir judiciaire » qui a démissionné, comme a eu à le dire un digne magistrat qui avait préféré rendre le tablier. Le « Pouvoir judiciaire » qui ne remplit plus les attributions qu’il tient de la Constitution et des lois organiques sur le Conseil constitutionnel et sur la Cour suprême, se fait piétiner par le Chef du « Pouvoir exécutif » et laisse certains Procureurs de la République et Juges être les bras armés du « Pouvoir exécutif ».

 J’ai honte de vivre dans un pays où le PR cherche systématiquement et anti-démocratiquement à « réduire l’opposition à sa plus simple expression», éliminant les candidats sérieux à sa succession, contrairement à la volonté du peuple qui a « proclamé » dans le Préambule de la Constitution « la volonté du Sénégal d’être un État moderne qui fonctionne selon le jeu loyal et équitable entre une majorité qui gouverne et une opposition démocratique, et un État qui reconnaît cette opposition comme un pilier fondamental de la démocratie et un rouage indispensable au bon fonctionnement du mécanisme démocratique ».

 J’ai honte de vivre dans un pays où malgré le fait que le peuple ait consacré constitutionnellement sa religiosité au travers de la prestation de serment du Président de la République qui « jure devant Dieu et devant la Nation sénégalaise », est rempli de menteurs, d’hypocrites, d’injustes, de méchants, de jaloux et d’antipatriotes, qui sont tous des « égarés » par les passions de plaisirs, d’argent et de ce pouvoir qui facilite les acquisitions illicites et les jouissances débridées.

J’ai honte d’avoir un Président de la République qui fait partie des Chefs d’État sous-développés mentaux de la CEDEAO, incapables de comprendre les profondes aspirations de leurs peuples, et qui acceptent de rester à la solde du Président de la République française, perpétuant ainsi la néocolonisation, alors que « les peuples réveillés » luttent maintenant pour l’avènement des vraies indépendances. Les « dé-néocolonisations » monétaire, linguistique et militaire ainsi que la « dé-néocolonisation » spirituelle, synonyme du rejet de l’ethnocentrisme occidental qui a justifié la traite négrière, la colonisation et la néocolonisation devraient mettre fin à toutes les dominations et exploitations des pays africains quand ils seront gouvernés par des patriotes entretenant exclusivement, pour le bien de leur peuple, des rapports gagnant-gagnant avec tous leurs partenaires y compris l’actuel néocolonisateur.

 J’ai honte d’avoir un PR qui fait partie des gouvernants de l’Ouest africain qui menaçaient le Niger d’une intervention militaire alors qu’ils n’ont rien fait pour aider les trois pays de l’actuelle Association des États du Sahel (AES) à lutter efficacement contre le terrorisme qui pourtant n’épargnera pas les autres pays de la CEDEAO, s’il n’est pas rapidement vaincu. Qu’attendent ces pays de la CEDEAO pour condamner clairement le « Coup d’Etat constitutionnel » en cours au Sénégal ?

 J’ai honte d’avoir un PR qui est allé en France, marcher avec ceux qui disaient être Charli hebdo, et qui fait preuve d’un déficit d’empathie pour tous ces sénégalais qui meurent dans les eaux ou sur les routes vers l’Europe ou les États-Unis en fuyant leur pays, alors qu’il est évident, qu’une « gestion sobre et vertueuse » des ressources appartenant au peuple et une meilleure priorisation de l’utilisation desdites ressources auraient permis de faire renaitre l’espoir.

J’ai honte de vivre dans un pays où, pour leurs intérêts personnels des leaders, qui ont l’obligation d’être exemplaires, vivent dans des magouilles et des combines qui portent de graves préjudices à l’État, personne morale, et aux nombreuses victimes collatérales de leurs funestes malversations. Leurs comportements déviants font qu’ils sont incapables de développer le sentiment patriotique des citoyens, qui est pourtant, une condition sine qua non de l’optimisation de la vitesse de développement socioéconomique du pays.

J’ai peur, parce qu’en toute vérité le PR pose de plus en plus des actes dangereux qui pourraient faire sortir le peuple de sa « zone de consentement » et le pousser à agir pour reprendre son pouvoir et sa souveraineté injustement détournés pour d’égoïstes intérêts personnels.

J’ai peur des conséquences négatifs que peut avoir, cette incapacité ou manque de volonté, des hauts responsables des Forces de défense et de sécurité et du Délégué général au renseignement national, à influencer positivement, par des conseils patriotiques le PR, s’il veut prendre une décision illégale ou injuste, susceptible de générer des troubles à l’ordre public, voire même une révolte de grande ampleur.

J’ai peur des conséquences de la décision prise par le PR le 03 février 2024 relative à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Cette décision que je souhaite réversible, et que le scrutin soit finalement retardé d’au maximum une (1) semaine, n’est rien d’autre qu’une tentative de « Coup d’État civil » du Chef du « Pouvoir exécutif », en cours avec la complicité active ou passive des deux autres « Pouvoirs » et la bénédiction antipatriotique de tous ceux qui avaient le devoir de le dissuader.

J’ai peur que ces actes injustes que pose le PR finissent par remettre en cause pour longtemps, la paix, la stabilité, l’ordre public et la cohésion sociale du pays. Au demeurant, il ne peut y a avoir de paix véritable sans justice ! Le Président de la République, premier serviteur de l’État, délégataire du « Peuple souverain », a fini de montrer qu’il n’a aucun respect pour ce Peuple en choisissant de se comporter en véritable « Propriétaire du pays » (« Boorom rewmi » en wolof ou « Yaal saax le » en seereer), pensant que son régime prédateur et injuste, avec ces innombrables atteintes à l’égalité devant la loi de tous les citoyens, est sous la protection infaillible de Forces de police qui disposeraient d’effectifs et de moyens suffisants pour réprimer toutes les contestations et lui permettre de poursuivre ses actes antipatriotiques.

N’ayant, comme terre nourricière que le Sénégal que j’aime comme il faut, j’ai décidé de continuer à y vivre, sans une autre nationalité, malgré toutes ces pratiques de leaders qui gouvernent, commandent ou dirigent que je déteste au plus haut point. C’est pourquoi, je rêve de l’avènement pacifique d’un Président de la République doté d’une « sagesse totale »1, qui aura la liberté de gouverner patriotiquement et pourra, par son leadership transformationnel et son esprit fédérateur, faire du Sénégal un pays où les rapports interpersonnels et les rapports entre les citoyens et l’État seront fondés sur l’amour, la vérité la justice et l’équité. Que Dieu nous vienne en aide en sortant de l’égarement tous ceux qui sont impliqués dans le « Coup d’Etat constitutionnel » en cours.

Colonel de Gendarmerie à la retraite Tabasky DIOUF

Grand officier de l’Ordre nationale du Lion et Commandeur de l’Ordre du Mérite

Membre fondateur de l’Initiative Jog Ngir Senegaal

NOTE :

: Sagesse totale. Nous avons alors défini la « sagesse totale » comme l’acquisition de la « science du bien et du mal », ainsi que des sentiments d’amour, de solidarité, de fraternité, de justice, d’équité, de miséricorde, de bienveillance, de compassion, de bienfaisance, d’humanité, d’abnégation, d’aversion pour le mal et de honte de faillir à ses devoirs dans tous ses rapports avec les autres personnes physiques ou morales ». Cette « sagesse totale » est portée par tous les « Hommes de bien » et tous les « Hommes de Dieu » qui ont l’esprit et le cœur constamment tourné vers le bien.

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