Pour un changement de mentalité des leaders étatiques

15 décembre 2023 | 0 commentaires

Notre pays est en proie à une crise morale tridimensionnelle qui a traversé les âges en s’approfondissant avec des conséquences négatives toujours plus retardatrices dans cette marche vers un État patriotiquement capable de satisfaire les besoins socioéconomiques primaires de toutes les populations, où qu’ils se trouvent sur le territoire national, et vers la construction du « Meilleur Sénégal Possible » pour les générations futures.

Cette aggravation de la crise morale s’est produite, malgré des actes positifs isolés qui ont été posés, surtout par des guides religieux, des Organisations civiles et des citoyens qui ont lutté ou qui se battent contre le fléchissement des valeurs morales. Cet article a pour objet de rappeler brièvement le caractère indispensable de la mise en place d’une « Stratégie nationale de sortie de la crise morale » (I.) et d’aborder l’indispensable changement de mentalité (II.) des leaders étatiques qui est un préalable au développement de cette « stratégie nationale ».

I.       RAPPEL DE L’IMPÉRATIF DU DÉVELOPPEMENT D’UNE « STRATÉGIE NATIONALE DE SORTIE DE LA CRISE MORALE »

L’impératif du développement d’une « Stratégie nationale de sortie de la crise morale » découle simplement du fait que la crise morale, avec un volet « crise morale au sein de la Communauté musulmane » antérieur à 1920 et un volet « mal gouvernance » consubstantiel à la crise politique du 17 décembre 1962, s’est approfondie malgré de nombreux actes positifs qui ont été pris pour mettre fin au fléchissement des valeurs morales. L’inefficacité des actes posés jusqu’ici est principalement due au fait qu’ils ne se sont pas attaqués à tous les aspects de la crise morale et ils ont été isolés, géographiquement circonscrits et non coordonnés.

C’est pourquoi, il apparait évident que seule une « dynamique nationale » au travers d’une « Stratégie nationale » qui bénéficierait des moyens financiers de l’État et de ses outils de coordination des acteurs qui seraient nécessairement impliqués, et de sa capacité de suivi, d’évaluation et de réajustement vers des objectifs clairement et inclusivement définis, pourrait permettre d’obtenir l’éradication de la crise morale.

Le développement de cette « Stratégie nationale de sortie de la crise morale » relève de la souveraine décision du Président de la République, seul capable d’impliquer les autres hauts responsables au service de l’État afin que ces derniers puissent mobiliser toutes les énergies pour l’avènement du changement d’ordre éthique dans toutes les activités relatives au fonctionnement des institutions de la République.

Cependant, compte tenu de la longue inertie face à la perpétuation de la crise morale, malgré des promesses de changement d’ordre éthique dans le mode de gouvernance des affaires publiques qui ont été faites par les deux Chefs de l’État qui se sont succédé depuis 2000, et l’importance de l’éducation pratique qui est à la charge des leaders, une conscientisation transformatrice en direction des responsables étatiques s’avère indispensable afin que le Président de la République et les autres hauts commis changent de mentalité et fassent de la sortie du pays de la crise morale la première des priorités et s’engagent dans le développement de la « Stratégie nationale » proposée.

II.      L’INDISPENSABLE CHANGEMENT DE MENTALITÉS DES LEADERS AU SERVICE DE L’ÉTAT.

Après des généralités mettant en exergue des devoirs des leaders étatiques, des bases d’éléments de langage pour la conscientisation du Président de la République et des autres gouvernants et hauts responsables au service de l’État seront mises en exergue.

II.1.        GÉNÉRALITÉS

Afin que le Président de la République et les autres hauts responsables au service de l’État consentent à faire développer et implémenter une « Stratégie nationale de sortie de la crise morale », il importe qu’ils prennent conscience de leur état de croyants et de leur devoir de « se transformer », notamment par la purification de leurs cœurs et de leurs esprits, en gouvernants patriotes qui pourront alors impulser et piloter efficacement les indispensables ruptures d’ordre éthique dans le cadre de la mise en œuvre de ladite « Stratégie nationale » afin qu’entre autres les enrichissements illicites et les difficultés actuelles que rencontre l’écrasante majorité de la population soient minimisé(e)s et qu’on puisse bâtir le « Meilleur Sénégal possible » pour les générations futures.

Nous ne méconnaissant pas qu’il y a des leaders au service de l’État qui ont pu demeurer vertueux malgré les tentations et le pouvoir corrupteur du système de mal gouvernance. Nous rendons hommages à tous ces endurants patriotes, fidèles à leur état de serviteur incorruptible de Dieu et de l’État. Il importe cependant d’affirmer que, si tous les leaders étatiques veulent sauvegarder la stabilité du pays et le mettre sur la voie d’un développement fondé sur l’amour, la vérité, la justice et l’équité, ainsi que sur le culte du travail, de l’excellence et du mérite ; s’ils veulent construire un État capable d’induire un maximum de bonheur pour l’écrasante majorité de la population, il est vraiment temps qu’ils arrêtent tous de se voiler la face et que chacun reconnaisse, en dehors de toute hypocrisie, ses tares, ses faiblesses, ses turpitudes et ses responsabilités individuelles pour enfin « faire le bon choix et agir » pour changer de mentalité afin de pouvoir s’engager résolument dans la lutte contre la crise morale dont l’éradication, qui sera une œuvre collective, est un préalable à la construction de tout développement harmonieux.

Conséquemment, chacun des leaders au service de l’État, qu’ils soit un fonctionnaire, un non fonctionnaire ou un contractuel, a l’obligation de s’armer de courage pour se plier aux exigences de l’état de serviteur de Dieu et de patriote devant accepter et défendre de manière inconditionnelle la primauté de l’intérêt général sur tous les intérêts particuliers, y compris ceux des politiciens, qui gouvernent l’État pour un temps, et à la tête desquels il y a le Président de la République, afin de pouvoir assumer ses responsabilités en se conformant dans tous ses actes exclusivement aux lois et règlements avec un esprit de vérité, de justice et d’équité. Si tous les Hauts responsables au service de l’État adoptent une telle attitude, alors ils pourront, tous ensemble, mettre notre pays à l’abri de toute déstabilisation, tendance dictatoriale ou malédiction dite de l’or noir.

Chacun de ces leaders étatiques doit donc se comporter en « Homme de bien » et en « Homme d’excellence », s’interdisant en tant que vrai croyant à s’allier avec les injustes, les égoïstes, les menteurs et les méchants. Il doit aussi s’interdire toute complicité avec ceux qui délibérément choisissent de faire du tort à l’État notamment dans la gestion des ressources appartenant au « Peuple souverain » et dans des actes impactant négativement la stabilité du pays, le bon ordre et la cohésion sociale. Il ne doit pas être un allié docile de ceux qui ne se soucient pas des préjudices qu’ils causent à leurs concitoyens, au regard des impacts négatifs de leurs malversations sur la capacité de l’État à optimiser ses moyens de prise en charge des demandes sécuritaires et socioéconomiques des plus vulnérables.

Les leaders étatiques ne doivent pas aussi être des complices dans des actes visant à fausser les règles du jeu démocratique pour permettre à un candidat donné, notamment celui de la mouvance présidentielle, de remporter une élection présidentielle, en particulier celui de février 2024. Pour maintenant et pour toujours, ils n’ont pas le droit d’être les complices de gouvernants qui se disent croyants mais qui, ayant oublié que c’est Dieu le Maître de l’autorité absolue et le Plus grand des Planificateurs, posent délibérément des actes comme le mensonge, l’injustice, l’iniquité, les magouilles, les combines et le vol, qu’abhorre le Tout Puissant, et se soucient trop peu des avertissements que l’Eternel a lancé en direction de ceux qui ont reçu (de Lui) la charge de gouverner leurs semblables et qui ne le font pas avec droiture, en fondant cette gouvernance sur l’amour, la vérité, la justice et l’équité.

Pour maintenant et pour toujours, les hauts responsables au service de l’État n’ont pas le droit d’être les complices de tout Président de la République, premier des serviteurs du peuple sénégalais, qui se prendrait pour le « Propriétaire du pays » (« Borom rewmi » : terme wolof à bannir), ou de tout Ministre qui se prendrait pour un privilégié se trouvant dans une « situation » qui lui permet toutes les jouissances (« ngourou » en wolof) sans aucun souci de la sacralité des ressources appartenant au peuple. De même, ils n’ont pas le droit de faire preuve de « loyalisme » envers un supérieur hiérarchique qui se prend pour le propriétaire de l’Organe étatique (quel que soit la taille) à la tête duquel il est titularisé et se permet tous les abus, toutes les malversations en dehors des lois et règlements.

Les croyants, serviteurs de l’État, ont l’obligation de respecter les prescriptions d’ordre éthique du Créateur parallèlement aux lois et règlements qui encadrent l’exercice de leurs différentes fonctions, par loyauté envers l’État délégataire du « Peuple souverain », mais aussi pour être dignes de ce qu’ils prétendent être, c’est-à-dire des serviteurs de Dieu ou Ses vicaires sur terre. Ils doivent conséquemment fonder leurs rapports avec les personnes physiques et morales sur l’amour, la vérité, la justice et l’équité afin de ne jamais causer sciemment un quelconque préjudice et ne pas être du nombre des « hypocrites » ou des « égarés » à propos desquels nous avons déjà produit deux articles.

Pour que les hauts leaders étatiques puissent respecter les devoirs et obligations susmentionnés et purifier leurs cœurs et leurs esprits pour devenir des fidèles serviteurs de Dieu et des patriotes hauts commis de l’État, il importe que chacun d’eux fasse son autoévaluation.

Chaque leader étatique doit donc, en fonction des lois, règlements, idéaux et valeurs de la République qui fixent le cadre légal d’exercice de la fonction qu’il occupe au sein d’un Organe étatique, évaluer sincèrement l’écart entre son éthique personnelle (sa manière d’être et de faire) et l’éthique idéale attachée à cette fonction. Chaque leader-croyant doit sur la base des prescriptions coraniques et bibliques d’ordre éthique et les valeurs culturelles fondamentales du peuple sénégalais portées par les adeptes de la religion « négro-africaine », qui sont les principales sources de sa spiritualité, faire honnêtement son autoévaluation pour savoir s’il est un vrai croyant, respectant de manière non sélective ces prescriptions et valeurs non antinomiques avec les lois et règlements de la République « laïque, démocratique et sociale ». Chaque leader musulman doit se demander en vertu de la Sourate de l’Ouverture (Al-Fatiha) s’il est dans le « droit chemin », « le chemin de ceux que Dieu a comblés de faveurs » ou s’il fait partie de ceux qui ont encouru la colère de Dieu ou des égarés qui cheminent dans l’obscurité et qui sont en fait des membres du « parti du diable banni » (« Satan ou Iblis »).

Si après son autoévaluation, le leader  est honnêtement convaincu qu’il est en train de cheminer sur un mauvais chemin marqué par des transgressions sciemment commises (mensonge, injustice, iniquité, méchanceté, jalousie, vol de toutes sortes, corruption, surfacturation, détournement, négociations de commissions, implication dans des magouilles ou des combines, …), le bon combat qu’il doit mener est celui de se battre contre lui-même, contre son égo ou son âme charnelle, pour mettre fin à son égarement, se repentir immédiatement et se remettre dans le  « droit chemin » qui est celui de l’amour (de la patrie – patriotisme – et des concitoyens, notamment des plus faibles), de la vérité, de la justice, de l’équité, de la sincérité, de l’honnêteté, de l’honneur, de la dignité et de la loyauté (et non du loyalisme), même si tous ceux qui l’entourent décident de se mettre ou de rester du mauvais côté, c’est-à-dire du côté des injustes, des méchants, des égoïstes et des traîtres aux intérêts du pays que Satan (ou Iblis ) a pu incorporer dans « sa cavalerie et son infanterie ». Le plus grand et le plus noble des combats que le croyant doit mener, c’est ce combat contre lui-même pour pouvoir échapper à toutes les tentations du Diable et des soldats qu’il a pu recruter et qui lui permettent de « s’associer aux hommes, dans leurs biens et leurs enfants et leur faire des promesses qui ne sont que tromperies ».

En plus des efforts individuels consentis dans le cadre de ce grand et noble combat, une éventuelle « Coalition de sages » qui se chargerait de conscientiser le Président de la République et les autres hauts commis de l’État pourrait fonder ses éléments de langage notamment dans ce qui sera spécifié ci-après, d’abord pour le Chef de l’État et ensuite pour les autres dans le cadre des préalables au développement d’une « Stratégie nationale de sortie de la crise morale ».

II.2.        CONSCIENTISATION DU CHEF DE L’ÉTAT

Du fait des pouvoirs qui lui sont « délégués » par le « peuple souverain » et qui sont consacrés par la Constitution, le Président de la République est le seul capable d’imprimer les véritables changements dont le Pays a besoin. Il est le principal guide des sénégalais qui l’ont choisi pour qu’au service du Peuple il les mène vers des lendemains meilleurs, en veillant notamment à l’égalité devant la loi de tous les citoyens et leur égal accès aux services publics, et en défendant, partout et contre tous, les intérêts du pays qui sont au-dessus de ceux de tout le monde, y compris ceux du premier des serviteurs qu’il est et ceux de tous ses alliés.

Ce sur quoi l’attention du Président de la République qui sera élu en 2024, devrait être appelée peut être bâti sur les « bonnes, belles et justes paroles » que le  Président Macky Sall avait éloquemment exprimées principalement dans ses discours de 2012-2013, et qui mettent en exergue une volonté de rupture et représentent exactement ce qu’il faut que tout Chef de l’État fasse siennes, s’il veut mettre les sénégalais au travail, les pousser vers la réappropriation des valeurs positives chères à notre peuple et obtenir que les règles et principes de l’ État de droit, des droits de l’homme, de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la transparence dans la gestion des affaires publiques soient rigoureusement respecté(e)s.

Ci-dessous un extrait des « bonnes, belles et justes paroles » susmentionnées :

        « J’ai foi dans le génie créateur de notre peuple et je compte fédérer toutes les compétences et toutes les intelligences au service de notre bien-être commun. »(03.04.2012)

        « Au Gouvernement, je donne mission de traduire en actes la forte aspiration au changement massivement exprimée le 25 mars. Cette occasion historique constitue pour nous tous, un nouveau départ pour une nouvelle ère de ruptures en profondeur dans la manière de gérer l’État au plan institutionnel et économique. »(03.04.2012)

        « Ainsi, afin de rationaliser nos dépenses budgétaires, éviter la dispersion de nos faibles moyens et revenir à l’orthodoxie administrative, j’ai décidé de ramener au strict minimum nécessaire la pléthore des Agences. (…) De même, notre Administration devra créer un environnement plus convivial, fait de respect, de courtoisie et de transparence pour délivrer un service de qualité au bénéfice des usagers. Il ne saurait y avoir de place pour l’arrogance, l’autoritarisme, le règlement de comptes ou la sollicitation de privilèges et avantages indus. » (03.04.2012)

        « (…) l’État et ses démembrements réduiront leur train de vie tout en restant performants. » (03.04.2012)

        « S’agissant de la gouvernance économique, je serai toujours guidé par le souci de transparence et de responsabilité dans la gestion vertueuse des affaires publiques. Je mets à ma charge l’obligation de dresser les comptes de la Nation et d’éclairer l’opinion sur l’état des lieux. » (03.04.2012)

–        « C’est pourquoi, je tiens à ce que toutes les femmes et tous les hommes qui m’accompagnent dans l’exécution du contrat de confiance qui me lie au peuple, comprennent et acceptent que cette mission ne crée pas une catégorie de citoyens privilégiés au-dessus des autres et de la loi. Au contraire, cette charge se décline en un sacerdoce sans ambiguïté : il est question de servir et non de se servir. (…) Gouverner autrement, c’est bannir les passe-droits, le favoritisme et le trafic d’influence ; c’est mettre l’intérêt public au-dessus de toute autre considération et traiter tous les citoyens avec la même dignité et le même respect. » (03.04.2012)

        « À tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers publics, je tiens à préciser que je ne protègerai personne. Je dis bien personne ! J’engage fermement le Gouvernement à ne point déroger à cette règle. »(03.04.2012)

        « J’ai engagé avec vous un contrat de confiance basé sur la bonne gouvernance. Ce contrat est en cours d’exécution et je compte le remplir fidèlement pour mettre le Sénégal nouveau en marche. »(31.12.2012)

        « Tout comme la démocratie et le respect de l’État de droit, la gestion vertueuse des affaires publiques est plus que jamais, une exigence citoyenne. C’est aussi un impératif économique absolu et une question d’équité et de justice sociale. (…) Dans l’exercice de toute mission de service public, personne ne peut se soustraire à l’obligation de transparence et de rendre compte » (31.12.2012)

        « Bâtir le Sénégal de nos rêves est à notre portée. J’ai pleinement confiance dans nos capacités d’y parvenir si nous restons mobilisés autour des vertus du travail, du civisme et de la discipline individuelle et collective. » (31.12.2012)

       « Je sais que toute dynamique de changement dérange ; parce qu’elle ébranle des certitudes, parce qu’elle bouscule des habitudes établies et que pour certains, elle remet en cause des acquis et des privilèges indus. Mais rien ne me détournera de l’objectif de bonne gouvernance. » (31.12.2012)

–        « Je compte restituer aux organes de vérification et de contrôle de l’État la plénitude de leurs attributions. Dans le même sens, l’assainissement de l’environnement des affaires et la lutte contre la corruption et la concussion me tiennent particulièrement à cœur. J’ai mis en place un Office National Anti-corruption (OFNAC) doté de larges pouvoirs de saisine et d’investigation pour traduire en actes notre aspiration commune à une gestion saine, soucieuse de la sauvegarde de l’intérêt public. Dans le même esprit, la Cour des Comptes a été réformée pour renforcer son indépendance et ses moyens d’intervention, notamment avec l’institution d’un Parquet général. J’ai également donné instruction à l’Inspection générale d’État de publier un rapport annuel sur l’état de la gouvernance publique. Il sera en outre établi un dispositif de coordination pour assurer plus de cohésion dans les activités des corps de contrôle de l’État. (…) …toutes les procédures engagées en matière d’audits et d’enquêtes sur des ressources et biens mal acquis seront rigoureusement menées jusqu’à leur terme. Et la justice suivra son cours. » (31.12.2012)

        « L’État de droit que nous sommes en train de bâtir induit l’équité et l’obligation de rendre compte pour créer un environnement de confiance et de transparence propice à l’investissement, à l’activité économique et à la génération d’emplois. Il a pour finalité de garantir la sacralité du bien public, d’instaurer une plus grande justice sociale, de promouvoir l’égalité des chances et de récompenser le mérite. » (03.04.2013)

        « La bonne gouvernance est partie intégrante de la démocratie. Nous sommes dans une phase de rupture et de transition vers un Sénégal nouveau. Et ce Sénégal nouveau exige un état d’esprit nouveau, une conscience nouvelle. »(03.04.2013)

        « À l’épreuve des faits, je suis encore plus déterminé à édifier la Nation sur son patrimoine et à en assurer la protection. » (03.04.2013)

L’attention du Président de la République serait aussi appelée sur le fait qu’il doit être conscient de son état d’Homme (féminin ou masculin) naturellement imparfait qui doit intérioriser cette mise en garde que Dieu a fait au Prophète David contre la passion qui égare. Cette passion pouvant être celle d’argent, de pouvoir ou des jouissances, il doit se doter de conseillers véridiques, courageux et  désintéressés qui lui permettront de ne pas « s’égarer » et de prendre des décisions totalement antithétiques avec le bien du pays notamment en ce qui concerne la justice et la sacralité des ressources appartenant à l’État délégataire du Peuple souverain.

Dans ce sens, et s’adressant à un croyant, le Chef de l’État devrait être invité à méditer sur les propos qu’un Président de la République, qui serait animé du même état d’esprit hautement positif d’Abou Bakr, premier khalifat après la mort du Prophète Muhammad, et de Salomon devrait pouvoir tenir à son peuple et qui sont formulés dans notre article intitulé « Abou Bakr et Salomon : contre la passion du pouvoir ». De ces propos nous retenons que le Président de la République doit reconnaitre qu’il n’est pas le « Propriétaire du pays » (« Borom Rewmi » en wolof) qui peut tout se permettre et qu’il est soumis aux lois et règlements comme tous les autres citoyens. Conséquemment il doit éviter de s’entourer de laudateurs mus par leurs intérêts personnels, et qui le feront dévier de la justice. Il doit être le premier défenseur de la démocratie, du respect des droits de l’homme et de la sacralité des ressources appartenant à l’État. Pour cela, il doit accepter, avec une grande ouverture d’esprit, la libre expression des opposants, des lanceurs d’alerte et de ceux qui exercent leur devoir de contrôle citoyen des politiques et actions publiques, dans la limite de ce qui est permis par les lois et règlements, afin de pouvoir toujours, si les moyens de l’État, gérés de manière vertueuse le permettent, satisfaire les revendications qui ne sont pas antinomiques avec le respect des lois et la sauvegarde patriotique de l’intérêt général dont il est le premier garant.

IV.3.    CONSCIENTISATION DES AUTRES GOUVERNANTS ET DES HAUTS RESPONSABLES

Tous les leaders étatiques ont une bonne conscience de « la forte aspiration au changement d’ordre éthique du Peuple sénégalais dans le mode de gouvernance du pays massivement exprimée en 2000 et en 2012. Malheureusement, ce changement n’a pas pu être concrétisé et la crise morale que traverse le pays est plus prégnante que jamais, avec l’incapacité des gouvernants, qui se sont succédé à appliquer rigoureusement les règles et les principes qui garantissent un bon fonctionnement de l’État. Les règles ont toujours été faussées par des injustices, des abus de pouvoir, une primauté donnée aux intérêts personnels, des atteintes à l’égalité devant la loi de tous les citoyens, des malversations, des magouilles, des combines, des impunités sélectives et des achats de vote à l’occasion des différentes élections par des antidémocrates exploitant sans scrupules la pauvreté et la déification de l’argent.

En dehors de ce qui est mentionné dans les généralités, l’attention des ministres et autres hauts commis de l’État devrait être appelée notamment sur des aspects de leurs devoirs ou obligations que commandent les exigences de la restauration de l’autorité et de la crédibilité de l’État ainsi que de sa modernisation et du respect des principes d’exercice de l’autorité (gouvernance, direction ou commandement) dont les principaux sont l’exemplarité, la justice, l’équité, le respect des subordonnés et des  « clients », l’humilité, la tolérance, la bienveillance, la fermeté empreinte d’humanité, le courage, l’esprit d’équipe fondé sur l’amour et la fraternité, et des rapports interpersonnels dénués notamment de méchanceté, de concurrence malsaine, de mensonge, d’hypocrisie, de délation, de calomnie et de médisance.

1.       En tant que « bergers » pour ceux qui sont sous leur autorité, ils sont redevables de la manière dont ils s’occupent d’eux, de la manière dont ils s’occupent de leur éducation morale, par le verbe et par l’action, afin qu’ils soient des citoyens vertueux, patriotes et ayant les cœurs et les esprits orientés vers le bien et vers une recherche permanente de l’optimisation de leur contribution au bien général.

2.       Ils doivent tous comprendre que l’autorité de l’exemple est un facteur déterminant dans l’épuration des mœurs qui ne peut être obtenue uniquement par une éducation ou une conscientisation purement théorique. Elle ne se commande pas aussi à coup de textes de lois et règlements et de répression ; elle s’inspire, elle se montre et ce sont les leaders, à quelque niveau qu’ils se situent, qui ont l’obligation de donner l’exemple, de montrer la voie à ceux qui sont sous leur autorité car ces derniers ont naturellement tendance à imiter leur manière d’être et de faire.

4.       Tous les leaders étatiques doivent s’évertuer à être des conseillers sincères pour l’autorité qui leur est immédiatement supérieur, quel que soit leur niveau dans l’architecture étatique. Ils ont l’obligation d’assumer pleinement les pouvoirs qui leur sont subdélégués par le Président de la République ou les Ministres.

5.       En tout ce qui concerne ses attributions, chaque leader doit s’interdire de tronquer la vérité pour le besoin de plaire ou pour cacher des vérités qui pourraient lui faire perdre la confiance du Chef ou le poste qui lui est confié. Cette malhonnêteté intellectuelle qui relève d’un sentiment égoïste de préservation d’intérêts personnels est en porte-à-faux avec la loyauté et le patriotisme.

Par ailleurs, le leader doit se battre pour être, par lui-même ou par ses subordonnés, le spécialiste, le technicien, l’expert, celui qui maitrise les situations plus que tous les autres y compris le Président de la République, simplement du fait que son domaine de compétence est beaucoup plus restreint que celui de son supérieur hiérarchique qui a donc besoin de ses conseils sincères et avisés. S’il advenait que ce supérieur prenne une décision dans son domaine de compétence, sans recueillir ou tenir compte de son avis, il a le devoir d’appeler son attention sur d’éventuels difficultés dans l’application de sa décision. Dans tous les cas il devra, sans état d’âme et avec le maximum d’engagement et de loyauté, veiller à l’exécution de toute décision légale même si ses observations n’ont pas été prises en compte. Pour les ordres ou décisions illégales, il devra refuser de les exécuter, quitte à se démettre ou d’attendre stoïquement l’éventuelle injuste sanction qui sera prise par le Chef « égaré ». Tels doivent être les fondements des rapports entre les ministres et le Président de la République, tels doivent être les principes qui doivent guider les relations entre subordonnés et supérieurs.

6.       Le leader a l’obligation, grâce à un bon système de surveillance, de contrôle ou d’inspection  approprié, de veiller, à ce que la gestion de toutes les ressources ( financières, mobilières, immobilières, foncières et humaines) soit marquée par l’objectivité, la justice, l’équité, le rejet de toute considération subjective, le souci de l’économie, de la bonne priorisation et du respect des exigences de la bonne gouvernance avec notamment une acceptation inconditionnelle de la primauté de l’intérêt général sur tous les intérêts particuliers nationaux ou étrangers. Une bonne gestion des ressources humaines, un exercice du leadership respectant les principes susmentionnés et un bon système de contrôle (au sens large du terme) permettraient d’optimiser les performances des différents services, des différentes équipes et ne laisseraient pas de place aux comportements déviants.

7.       Chaque leader doit s’assurer de la rationalisation des dépenses publiques notamment, en faisant du souci de l’économie un impératif et en priorisant les dépenses destinées aux fonctions opérationnelles des différents services avec un effort plus soutenu, des activités ayant des impacts réels sur la satisfaction des besoins sécuritaires et socio-économiques des populations ou des investissements vraiment déterminants pour le développement du pays, au détriment des dépenses de fonctionnement des organes en charge des fonctions non opérationnelles destinées principalement à l’amélioration abusive des conditions de vie et de travail des dirigeants.

8.       Il appartient aux Ministres et aux responsables des grands services de l’État, qui leur sont immédiatement subordonnés, d’aider le Président de la République afin que des leaders vertueux soient nommés objectivement à la tête de toutes les composantes de l’Administration, notamment au sein de ceux les plus « corruptogènes ». Des dirigeants, qui « comprennent et acceptent » que diriger ou commander ne fait pas d’eux des « citoyens privilégiés, au-dessus des autres et de la loi »; qui sont déterminés à « servir et non à se servir »; qui acceptent de rendre compte (redevabilité) et d’assumer les responsabilités de leurs bonnes ou mauvaises actions (imputabilité); qui ont une manière d’être, de faire et de penser exemplaires; qui sont prêts, d’initiative (sans pression et directive extérieure) à imposer la bonne gouvernance interne, et qui ont la crédibilité, la liberté de parole et d’action indispensables pour appliquer et / ou faire appliquer rigoureusement les mesures édictées notamment contre la « corruption et la gabegie qui sont les expressions les plus visibles de la crise morale ».

9.       Tous les leaders doivent, avec un grand esprit d’initiative, contribuer à l’amélioration du cadre légal et réglementaire dans tous les aspects du fonctionnement de l’État, afin que les principes, les règles et les procédures indispensables au renforcement de l’État de droit, de la démocratie, des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de la transparence dans la gestion des affaires publiques soient formellement spécifiés. Tous les vides réglementaires relatifs aux différents domaines de l’administration, de la gestion des différentes ressources et de l’exercice du leadership devront être comblés pour, restaurer l’autorité de l’État, sa crédibilité et son efficacité, moderniser son Administration, optimiser les performances et minimiser les possibilités de malversations.

10.     Tous les leaders doivent s’évertuer à développer les fonctions responsabilisation, motivation et contrôle, avec justice et équité dans le cadre d’un culte de l’excellence et du mérite qui devra être généralisé afin que les responsabilisations, les promotions et toutes les faveurs soient fondées exclusivement sur le mérite, et que la fermeté dans la répression des comportements déviants, dans les sanctions négatives contre ceux qui sont coupables d’indélicatesse, s’accompagnent d’une générosité, dans les récompenses des actions méritoires, dans les sanctions positives de ceux qui se distinguent par leur patriotisme, leur désintéressement, leur dévouement, leurs performances et leur ancrage dans le respect scrupuleux des lois et règlements. Sur toutes les chaînes hiérarchiques de l’Administration, personne parmi tous ceux qui « assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers publics ou des autres ressources ne doit échapper aux contrôles et ne doit être protégé contre des poursuites judiciaires pour des malversations commises.

11.     Chaque leader doit encourager, au sein de tous les organes étatiques sous son autorité, l’esprit d’initiative, l’esprit d’équipe, le sens de la consultation, de la concertation et de la participation chaque fois que c’est possible, dans le cadre de la recherche, d’une meilleure définition des objectifs, de l’identification des meilleures options et des procédures garantissant de meilleurs résultats vers lesquels toutes les activités doivent être axées. Parallèlement il y aura lieu de développer l’aptitude des leaders à prendre des décisions (dans les délais) après les possibles consultations et / ou concertations, même si elles sont impopulaires avec le constant souci de sauvegarder la primauté du bien et des intérêts de l’Organe étatique ou de l’État.

12.     A tous les niveaux de l’Administration publique, des Agences et des organes assimilés, les dirigeants et les agents doivent faire preuve de droiture; « assurer un traitement égal de tous les citoyens devant le service public (qu’il s’agisse d’accès à l’information ou de prestations), et faire montre de courtoisie, de respect, d’humilité, de justice, d’équité et de transparence ainsi que de rejet de « l’autoritarisme », des abus de pouvoir, des « règlements de comptes ou des sollicitations de privilèges et avantages indus » dans leurs rapports avec les « clients » afin de pouvoir leur « délivrer un service de qualité ».

Comme pour l’épuration des mœurs, l’autorité de l’exemple est un facteur déterminant dans l’éradication du système de mal gouvernance. C’est pourquoi, toutes les informations utiles doivent être données au peuple afin qu’il puisse se choisir comme Chef un citoyen vertueux qui pourra gouverner patriotiquement  et avoir suffisamment de crédibilité pour faire développer la  « Stratégie nationale de sortie de la crise morale » dont l’efficacité de la mise ne œuvre dans les deux autres volets (corruption des rapports sociaux et crise morale au sein de la communauté musulmane) sera facilitée par l’avènement de gouvernants et de hauts commis de l’État exemplaires dans leur conduite en public et en privé.

Colonel de Gendarmerie (retraité) Tabasky Diouf

tabou@jogngirsenegal.sn

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