DEVOIR DE MÉMOIRE : « Le mal a, toujours, prospéré là où les honnêtes gens, par égoïsme, peur ou lâcheté, se sont tus. »

26 août 2024 | 5 commentaires

Tous les Sénégalais épris de paix ont constaté, pour s’en féliciter, que les relations entre les nouvelles autorités et les chefs religieux sont au beau fixe. A titre illustratif, les récentes visites effectuées par le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye et le Premier Ministre Ousmane Sonko dans les différents foyers religieux ou ils ont été accueillis avec tous les honneurs dus à leurs rangs. Ils n’ont eu droit qu’à des éloges, des félicitations et des remerciements appuyés, toutes choses dont ils n’ont jamais pu bénéficier lors de leur traversée du désert quand ils étaient en pleine bataille pour la conquête du pouvoir. Ces déplacements des nouvelles autorités sont autant d’occasions de confondre leurs détracteurs et autres contempteurs qui les présentaient comme des ennemis de l’islam, notamment, des confréries. La déconstruction de cette rhétorique valait la peine d’effectuer ces visites de courtoisie.

Toutefois, les nouvelles autorités ne doivent pas accepter qu’on les installe dans un déni de l’histoire récente de notre pays, comme certains s’emploieront à les y pousser. Une histoire marquée par le magistère sanglant, brutal et meurtrier de Macky Sall durant lequel les Sénégalais ont connu les pires exactions et les effroyables affres de l’oppression, de la répression et de toutes les formes de traitements inhumains et dégradants. Cette douloureuse séquence a été couronnée par des dizaines de morts qui représentaient autant de forces vives et de bras valides pour la nation que d’espoirs anéantis pour plusieurs familles sénégalaises, aujourd’hui tenaillées par une impécuniosité insoutenable.

Et pendant cette douloureuse période ou la vie de milliers de nos compatriotes était marquée au fer rouge, pratiquement, aucun de ces chefs religieux qui, aujourd’hui, vantent les mérites de nos nouvelles autorités et leur dressent des lauriers, n’avait cru devoir s’indigner ni exiger du dictateur Macky Sall d’arrêter sa folie meurtrière contre les Sénégalais dont la très grande majorité s’identifie à une appartenance confrérique. Très à l’aise dans leur confort matériel et la garantie de leur rente religieuse et spirituelle, et emmitouflés dans leurs turbans dont ils ont fait usage pour se boucher les oreilles, fermer les yeux et observer un silence complice, ils ont été aphones et amorphes, de crainte de s’attirer l’ire du tyran qui détient les cordons de la bourse. Pour ces chefs religieux, le choix a été vite fait entre la préservation de leur zone de confort et la défense de l’intégrité physique de leurs talibés qui se sont retrouvés par milliers entassés comme des sardines dans les geôles étouffantes de Macky Sall.

Et tout le monde sait que des voix n’ont eu de cesse de s’élever pour exiger de nos chefs religieux, en leur qualité de responsables moraux et de supposés régulateurs sociaux, de s’impliquer et faire entendre leurs voix. C’est le lieu d’évoquer le cas d’un grand et très célèbre journaliste qui, faisant montre d’un engagement patriotique sincère et d’une détermination jamais prise à défaut, n’a cessé d’interpeller les chefs religieux pour qu’ils interviennent auprès de Macky Sall qui semblait les narguer, puisque les considérant comme de simples citoyens d’aucune envergure ni d’aucune utilité sociale.  Pendant ces années de braise qui ont vu les Sénégalais subir toutes les formes de forfaitures de la part du pouvoir, les chefs religieux, les plus en vue, sont restés insensibles à la souffrance de leurs compatriotes et sourds aux cris de détresse ainsi qu’aux appels au secours.

Chaque fois que l’opportunité m’est offerte, je me m’impose de devoir de rappeler au Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye les conditions de son accession à la tête de notre pays; un pouvoir acquis grâce à plusieurs facteurs.

En premier lieu, la volonté divine. C’est parce qu’Allah Le Tout-Puissant, Maitre de l’univers et de nos fragiles destins d’êtres ignorants et impuissants, l’a décidé que vous êtes devenu le cinquième Président de la république du Sénégal.

Le Président Bassirou Diomaye Faye doit sonélection à ses très chers parents dont les prières sincères, exprimées du fond du cœur, ont été exaucées par le Bon Dieu, Tout-Puissant. Son élection a une valeur pédagogique et spirituelle qui a dessillé les yeux de beaucoup de vos compatriotes. En effet, pendant que son principal challenger parcourait tout le pays et se faisait recevoir dans les principaux foyers religieux, confortablement assis dans des fauteuils moelleux, sollicitant leurs prières, lui a choisi de se rendre humblement chez ses deux parents pour leur tendre ses mains frêles et solliciter leurs prières, en ayant à l’esprit et en mémoire la parole divine qui exhorte les croyants à honorer leurs ascendants en toutes circonstances. Certains des chefs religieux visités par son challenger, grisés par la consistance et la lourdeur des mallettes reçues au préalable, ont eu la témérité d’annoncer sa victoire. Au finish, Bassirou Diomaye Faye été élu, démontrant que les bénédictions et les prières des parents sont de loin meilleures, plus sures, plus utiles, plus bénéfiques, plus profitables et plus efficaces que les psalmodies de nos enturbannés. Une certaine forme de soumission et d’allégeance à ces chefs religieux dont la plupart n’ont jamais voulu l’accession au pouvoir des nouvelles autorités, ne se justifie ni ne s’explique; la République doit rester debout et le peuple y veillera.

Enfin, le Président Bassirou Diomaye Faye doit sa brillante élection à la volonté manifeste et à la détermination affichée et inébranlable des Sénégalais à vouloir se débarrasser du régime sanguinaire de Macky Sall. Un régime qui s’est caractérisé et illustré par une oppression et une répression sauvage et meurtrière. En plus d’être ploutocrate, autocrate et dictatorial, le régime de Macky Sall qui s’est toujours comporté en chef de gang, s’est distingué par la cupidité effrénée et l’avidité insatiable de ses dirigeants et autres responsables politiques.

Une véritable horde de malfrats qui ont eu pour activités principales le siphonage outrancier de nos ressources budgétaires et le bradage éhonté de nos ressources naturelles. S’y ajoute une indécente boulimie foncière dont ont été victimes des centaines de familles sénégalaises, notamment, dans le monde rural. La prédation de nos terres tant en milieu urbain qu’en zone rurale a littéralement transformé courtiers, promoteurs et fonctionnaires véreux en une faune de psammivores impavides. Tout ceci avec le silence coupable et complice de la plupart des chefs religieux qui, aujourd’hui, semblent bénéficier d’une bienveillante sollicitude de la part des nouvelles autorités guidées, peut-être, par un souci d’apaisement et de réconciliation qui doit, nécessairement, passer par une exigence de vérité.

L’histoire retiendra que nos chefs religieux, à l’exception de quelques-uns dont Serigne Ibrahima Dramé, n’ont pas été aux côtés du peuple dans sa lutte farouche contre le régime sanguinaire et meurtrier de Macky Sall qui a, par contre, bénéficier du soutien de la plupart d’entre eux, certains s’étant même offert le luxe de faire des remontrances voire de morigéner le leader du Pastef en public. L’un d’eux ne l’avait-il traité de vulgaire violeur pour, ensuite, toute honte bue, venir à résipiscence en s’arcboutant devant le Premier ministre qu’il est devenu. Il n’appartient pas aux nouvelles autorités de donner des gages de loyauté et de fidélité aux chefs religieux, il est du devoir de ces derniers de demander pardon au peuple pour n’avoir pu refréner les ardeurs de Macky Sall, encore moins le freiner dans sa folie meurtrière qui a nous a valu tant de morts qui attendent, toujours, qu’on leur rende justice.

Aucune démarche intellectuelle, sociale, politique voire politicienne ne pourra redessiner, retracer ou reconfigurer la trajectoire de l’histoire récente de notre pays pour conférer à la classe maraboutique un rôle qu’elle n’a pas joué ni de responsabilités qu’elle a ostensiblement refusées d’assumer. La plupart de nos chefs religieux ont délibérément ignoré les brimades subies par Ousmane Sonko et sa famille, les supplices infligés aux opposants, notamment, les tortures infligées à Abdoulaye Touré par des nervis soutenus par des membres identifiables des forces de sécurité. Peut-étrécies enturbannés étaient-ils dans leur prétendue retraite spirituelle, « khaloueu », donc, détachés de la réalité quotidienne.

Si Macky Sall qui a tant de morts sur la conscience et des mains abondamment maculées du sang d’innocentes victimes, a pu commettre ces nombreux crimes, c’est parce qu’il tout simplement bénéficié du soutien indéfectible de la plupart de nos chefs religieux dont certains, pour l’heure, cherchent à se parer des plumes du paon. Le peuple veillera à qu’on ne lui vole pas sa victoire acquise de haute lutte.

Notre voix qui, aujourd’hui, bénéficie d’une crédibilité certaine grâce à notre engagement patriotique jamais pris à défaut, s’élèvera, toujours, peut-être en concert avec d’autres voix, pour chanter, louer, magnifier et glorifier le sacrifice suprême consenti par ces dizaines de jeunes innocents morts pour l’avènement d’une nouvelle de rupture et qui de manière sublime ont incarné « le don de soi pour la patrie ».

Qu’ALLAH, Le Tout-Puissant, Maitre de l’univers et de nos destins d’êtres fragiles, ignorants et impuissants, Veille sur les nouvelles autorités et que Sa Grace éternelle les accompagne dans leur magistère.

Dakar le 24 aout 2024.         

Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police
De classe exceptionnelle à la retraite.

5 Commentaires

  1. tabasky diouf

    Merci Commissaire pour votre constant engagement patriotique et pour cet important article. Oui, nos gouvernants ne devraient pas perdre de vue pourquoi le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été élu, et cette élection doit faire réfléchir tous les guides religieux et tous les autres citoyens, afin qu’ils comprennent définitivement que « Dieu est l’Unique Pourvoyeur et Dispensateur » de tout, et donc du pouvoir et des avoirs, qui ne sont pas une bénédiction quand ils sont mal acquis.
    Nos gouvernants devraient aussi ne pas oublier que dans le domaine des « relations entre l’État et les guides religieux, les familles religieuses ou les cités religieuses », une rupture s’impose, avec surtout une « focalisation exclusive des efforts » sur les charges régaliennes, afin de minimiser la captation des ressources de l’État par les Communautés religieuses au détriment des plus nécessiteux, où qu’ils se trouvent dans le pays. Ceci est un « impératif de justice sociale ».
    Le retour vers Dieu que tous les « croyants sénégalais véridiques » appellent de leur vœu doit commencer par les guides religieux qui ont notamment l’obligation « d’ordonner le convenable et d’interdire le blâmable » dans leur sphère de responsabilité et « de recommander le bien et de condamner le mal » dans toutes les autres affaires ; « rejeter toute alliance » avec les antipatriotes, les menteurs, les hypocrites, les voleurs, les injustes, les méchants et autres transgresseurs, et « combattre dans le Sentier de Dieu » pour la victoire du bien sur le mal dans tous les domaines. Ils doivent faire leur autocritique et revenir sur le « droit chemin » qu’avaient choisi les saints fondateurs des confréries qui avait les Prophètes comme modèles.
    Que Dieu Vous garde et continue de vous inspirer.

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    • Mamadou Faty

      Très bonne analyse rigoureuse et fidèle et conforme aux pires moments vécus.

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  2. Oumar Ben Camara

    Merci commissaire pour ces rappels qui j’espère seront entendus par nos gouvernants. À y réfléchir je reste convaincu qu’ils mesurent pleinement les attentes du peuple. Il est vrai que les priorités sont en tout genre. Notre univers est complexe. Cependant la mère des priorités reste la réparation des injustices, punir les crimes, diligenter des procédures pour que les crimes délits impunis jusqu’ici le soient. Il en va de leur responsabilité donc de leur crédibilité. Nous aimons profondément nos chefs religieux mais on ne rappellera jamais suffisamment que si aujourd’hui nous vivons dans un Senegal plus ou apaisé c’est grâce au courage et à la détermination des sénégalais eux-mêmes et de nul autre entité. Merci commissaire vous rappelez brillamment que le peuple est souverain et doit avoir tout le respect du gouvernement. A bon entendeur salut.

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  3. Adama DIENG

    Que DIEU vous garde et vous protège. Vous avez tout dit avec rigueur et éloquence. Merci pour notre peuple et que DIEU vous bénisse

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  4. Adianda

    Très bien dit En phase parfaite avec vous commissaire

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