Les larmes de l’homme, dit-on, ont deux saveurs : celle de la douleur et celle de la joie. Nous en avons souvent fait l’expérience.
GAZA, LA MEURTRIE
Voilà plusieurs décennies que de nombreux pays, épris de justice, s’apitoient sur le sort tragique du Peuple palestinien. Il faut remonter loin dans l’histoire de l’humanité, à l’époque de la conquête de l’ouest qui s’était traduite par l’extermination du peuple amérindien, pour comprendre la tragédie des Palestiniens victimes d’un véritable génocide dont l’unique motivation est de les chasser de leurs terres.
Les crimes de guerre de l’Etat d’Israël ne datent pas d’octobre 2023 ; ils trouvent leur origine au lendemain de la seconde Guerre mondiale lorsque le Pôle occidental, mené par les Etats-Unis d’Amérique, avait décidé de créer cet Etat en Palestine sans aucune garantie pour le Peuple arabo-musulman qui occupait ces terres depuis plusieurs siècles.
Depuis lors, l’ONU, maîtresse d’œuvre de cette énorme violation du droit international, s’est montrée incapable de faire respecter une seule résolution tendant à forcer l’Etat hébreux à se tenir dans ses frontières originelles. C’est, au contraire, à une extension scandaleuse de la colonisation des terres palestiniennes que le monde assiste avec son lot d’expulsions, de massacres et de bombardements que les populations subissent quotidiennement.
Ce qui se passe à Gaza est encore plus révoltant quand Israël se voit reconnaître « le droit de se défendre » par ceux qui feignent d’ignorer que cet Etat est en position d’occupant combattu par des mouvements de libération que l’on veut faire passer pour des groupes terroristes. Des chefs d’Etat occidentaux, précédés par une armada impressionnante (Porte-avions, bombardiers, chasseurs) se sont précipités à Tel Aviv pour rassurer le Gouvernement israélien et intimider ses voisins qui pourraient être tentés d’intervenir en faveur des Palestiniens. Ils semblaient ainsi oublier qu’Israël était doté, par eux, depuis longtemps, de dizaines d’ogives nucléaires.
Voilà que, dans les rues de Gaza, sous les décombres des maisons, des écoles et des hôpitaux, privés de tout, on ramasse des cadavres par milliers sans savoir où les enterrer ni même comment les identifier.
On pousse même la cruauté et la perfidie jusqu’à une formidable manipulation de l’opinion en gonflant les pertes d’Israël et en publiant sur le net des images fabriquées de La Mecque frappée d’inondations qui risquent de « détruire la Kaaba ». Il était clair que cette dernière manœuvre pouvait servir à détourner l’attention du monde islamique de la tragédie de Gaza.
KIGAL, LE RETOUR
Alors qu’à Gaza, on écrase les populations palestiniennes par des bombardements qui ont déjà fait dix mille morts, dont quatre mille enfants, nos larmes de douleur n’ont pas encore séché que Dieu, dans Son infinie mansuétude, nous fait goûter aux joies d’une victoire que toute l’Afrique devrait fêter dans une totale allégresse : la reconquête de Kigal par les Forces armées maliennes (FAMA).
Celles-ci ont d’autant plus de mérite qu’en onze ans de présence sur le sol malien, les troupes françaises n’avaient pas réussi à enrayer ce que Paris appelait « la menace terroriste islamiste ». On avait même vu le Gouvernement français se glorifier d’avoir arrêté, par l’Opération « Serval », « les troupes jihadistes qui s’apprêtaient à entrer dans Bamako ». Pour la nation malienne, cette opération « héroïque » des troupes françaises devait se révéler, plus tard, un acte humiliant par l’interdiction aux FAMA d’accéder à la région de Kidal.
Cette humiliation devait, quelques années plus tard, être lavée par le régime d’Assimi GOÏTA qui en avait pris les dispositions, risquées mais adéquates, en expulsant l’Ambassadeur de Paris puis les soldats français. Assuré du soutien du Peuple malien et de la solidarité de quelques pays du continent, le Gouvernement de Bamako s’engagea dans une stratégie de rééquipement et d’entraînement de l’armée malienne avec l’aide de ses partenaires librement choisis, et fit face aux cruelles et injustes sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA, avant de lancer une offensive de reconquête du territoire national.
Aujourd’hui, le Mali a encore marqué quelques points dans son rôle d’avant-garde de l’émancipation du continent et il envisage, après avoir fait des émules (Niger, Burkina, Guinée), de quitter la CEDEAO et de battre sa propre monnaie. Les Maliens ont bien des raisons d’être fiers de leur pays.
Je suis plus que jamais malien parce que le Mali c’est le Sahel et le Sahel, c’est l’Afrique.
Dakar le 15.11.23
Mamadou DIOP
Conseiller en Planification
Le compte-rendu de Modou sur le voyage de Gaza à Kidal était très intéressant ! Son expérience et son point de vue apportent de nouvelles perspectives. Quelqu’un veut-il partager son avis sur ce sujet ? Interagissez avec nous ! Pour plus d’informations, consultez Telkom University Jakarta